Hameau de Lizin

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Le hameau de Lizin

Extraits de documents réunis par Gabrielle Bovy, Ferdinand Braquet et Jean-Louis Prévot.

Dénommé dans divers documents anciens : en 930 "Linsan", en 966 "Lisan", en 1059 "Linzo", en 1246 "Linsen", en 1313-1314 "Lisen", en 1362 "Liesen" et enfin dans sa forme actuelle en 1602 et 1772 "Lizin".

L'occupation des lieux est très ancienne. A la suite de fouilles, on y découvrit en 1891 – 1892, deux cimetières francs et plus exactement mérovingiens (dynastie qui s'étend de 481 à 751) dans l'enclos de la chapelle castrale depuis longtemps disparue. Notger en fit donation à l'église Sainte Croix, comme annexe à celle d'Ellemelle. Plus tard, elle devint annexe d'Ouffet et le chapitre de Saint-Martin en eut le droit de collation. Il en était ainsi dès l'an 1282. Malheureusement les fouilles se sont arrêtées très vite et il est probable que des trésors enfouis dorment encore sous les terres agricoles.

Lizin était une seigneurie mentionnée dès le Xe siècle. Dans une liste de 44 « villae » situées au sud et à l'est de la Meuse, entre Namur et Visé (diplôme délivré par le roi Arnulphe ou Arnulff de Carinthie 888) la dite seigneurie est dénommée « Linsan » en 930 et « Lisan » en 966.

Le hameau de Lizin: l'Estihale et la ferme des Sarrasins 31.08.2017

Lizen n'a pas toujours appartenu au Ban et à la paroisse d'Ouffet. Le hameau possédait une Cour de Justice et le mayeur de Lizin, sous la coupe du seigneur, était tenu de faire respecter les lois du lieu. A ce titre, il semblerait, comme le montrent les interrogations adressées à la Cour d'Ouffet, que les manants et seigneurs de Lizin, ne se joignaient pas toujours à la taille perçue à Ouffet. Ils gardaient une indépendance vis à vis du bourg, et, lorsqu'une « affaire » advenait, comme la découverte d'un meurtre en 1733, la Cour de Justice d'Ouffet avait besoin de l'autorisation de celle de Lizin pour enquêter sur son territoire.

Il y avait autrefois quatre fermes à Lizen. Trois bâtiments ont survécu. La ferme de la Maison-Forte, la ferme des Sarrasins, et, siège de la Cour de Justice et demeure seigneuriale, l'èstihale, donjon roman en grès local daté du XIIe siècle. Restauré sans doute au XVIIe siècle on lui accola un porche avec un pont-levis. Aujourd'hui, l'Estihale est un monument classé.

En 1458, le « cheruwage de Lizen » (toutes les terres dépendant de la cense qui peuvent être charruées et d'une manière générale travaillées) appartenait à Godefroid de Haccourt qui l'avait acquis de Jean de Verviers. A cette date, puis encore en 1461 et 1478, Godefroid de Haccourt constitua sur tous ces biens (la ferme et le cheruwage) au profit de Tilman Waldoréal, citain (citadin) de Liège, des rentes d'un import de 65 muids d'épeautre, probablement en avance d'argent frais. Vingt ans plus tard, le 3 juin 1498 exactement, Mathéus de Villers (on ne sait en quelle qualité) qui avait saisi la ferme à défaut de paiement de la rente, fut désintéressé par un créancier privilégié en rang, Gilles de Crissegnée qui devint donc propriétaire du dit « cheruwage ».

Quant à la seigneurie, elle appartenait dès 1482 à la famille de Crissegnée. En effet le 2 mars 1482, Ranse, fils de G. de Haccourt reporte à Jachemin de Crissegnée (ou Chrissegnée), par devant les échevins de Liège, la « Haulteur et seignorie » de Lizin. Ce transport (transfert) est confirmé par DOM Biéthième de Longchamps, abbé de Saint Laurent près de Liège, seigneur de Kimkempois, dont relevait le fief de Lizin.

Voilà donc réunis en la seule famille de Crissegnée la seigneurie et le charuwage de Lizen.

Jacquemin, Gilles, Hugues, Jacques, Henri et un second Gilles de Crissegnée furent successivement seigneurs du lieu. Gilles le second, mourut en laissant un fils en bas-âge : Pierre Joseph. Sa veuve Anne de Schoonhove d'Arschot régna sur la terre de Lizin de 1682 à 1707. Elle épousa en seconde noces, Charles Ernest Baron d'Argenteau et lui donna un fils : Joseph Dieudonné.

Le 27 juillet 1707, Pierre Joseph de Crissegnée, seigneur de Barse et de Lisen, fut introduit en la vraye, réelle et actuelle possession de la terre, seigneurie, cense, maisons, tour et biens, généralement du dit Lizen.

Pierre Joseph de Crissegnée mourut en 1732. Par testament il légua la totalité de ses biens à son demi frère Joseph Dieudonné Comte d'Argenteau, chanoine de la cathédrale de Liège.

La seigneurie de Lizin, qui resta la propriété de la famille de Crissegnée jusqu'en 1732, passa donc dès lors aux comtes d'Argenteau.

Les rapports furent souvent tendus entre, d'une part les Crissegnée toujours propriétaires des autres biens de Lizen (les fermes et le cherwagne autres que l'Estihale), leurs successeurs les barons de Colwart et d'autre part les Argenteau.

L'Estihale 12.07.2015

La Cour de Justice de Lizen n'eut guère d'autre charge que celle de démêler, dans le fatras des témoignages qui affluaient , les torts et les droits des adversaires.

Autre curiosité attachée à LIZIN : son Chantoire ou chantoir ! Quelques centaines de mètres après son passage au pied de l’Estihale, le ruisseau de Lizin d'humeur fugueuse disparaît dans un chantoir pour un mystérieux parcours souterrain de plusieurs kilomètres avant de, en passant par les grottes, resurgir à Comblain au Pont et non pas dans la vallée entre La Rock et Comblain Fairon comme il a été affirmé.

On raconte aussi qu'à partir d'une des tours de la Maison-Forte, important quadrilatère fortifié possédant deux tours, un souterrain relierait Lizin à Crossée, une allégation jamais vérifiée. A notre connaissance, aucune fouille digne de ce nom n'a jamais été effectuée.

La Maison-Forte et la ferme des Sarrasins, voisines, perpétuent toutes deux l'activité agricole. L'Estihale, magnifiquement restaurée intérieurement, est actuellement sans grand succès, louée en tant que demeure privée.



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