Saint Mort

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                                        Saint Mort, comme saint Maur de Nursie, se fête le 15 janvier. Il est le patron des charbonniers,...
Statue du XVIIe siècle de saint Mort, autel de la chapelle St-Mort à Haillot. Copyright: A.C.L. Bruxelles

Une page a déjà été consacrée sur ce WIKIHUY à l'église Saint-Mort de Huy, dont la première mention date de l'année 1216, dans le cartulaire de l'abbaye d'Aulne concernant la paroisse St-Mour à Huy (voir: Eglise Saint-Mort). Nous allons procéder à la narration de la vie de "Mort" ou "Mort-Né", ce personnage emblématique né à Antvalle (Andenelle?), ressuscité à Huy, recueilli à Andenne, ermite dans cette région, y décédé à l'âge de 80 ans, inhumé à Huy.

Les Vies écrites des saints du Moyen Age ont subsisté en traversant les siècles, mais elles ont toujours été malmenées, les dates citées ont été copiées, recopiées, bien souvent estropiées et leurs chiffres...mélangés! Et, aussi, la vie d'un saint se devait d'être belle, très belle , mais parfois, hélas, trop belle, pour être vraie!

  Nous partirons donc des légendes. Elles seront soumises à la critique des savants et nous verrons ce qu'il faudra retenir de cette VIE, en essayant, toutefois, de lui garder
  toute sa saveur...

LES DIFFERENTES "VITAE"

1. GERARD DE GINGELOM en 1466, sous-prieur de St-Laurent de Liège, accompagne son abbé en visite à Huy et s'enquiert auprès le population de l'histoire de saint Mort.

Il apprend qu' il s'agit du fils mort-né d'un couple d'Antvalle (Andenelle?). Ils sont venus exposer le corps en l'église St Jean (l'Evangéliste) devant l'autel de la Vierge de la Vignette C'est là que le bébé revient à la vie, est baptisé Mortou "Mort-né" et va vivre en ermite dans les bois d'Andenne. Un jour, des brigands le tuent et les dames d'Andenne viennent chercher sa dépouille pour aller l'inhumer dans leur église, mais les chevaux refusent d'y aller et le conduisent à l'église St-Jean l'Evangéliste de Huy, où, jusqu'à ce jour (1466), des malades venus sur son tombeau sont guéris.

2.GODEFROID PETITT avant 1588, curé de Saint-Mort à HUY: relation recueillie par J.MOLANUS (=Jean Vermeulen, mort en 1588)-in "Natales Sanctorum Belgii et Cronica Recapitulatio-Louvain/1595".

Saint Mort serait né et décédé dans le voisinage d'Andenne. Il reçoit la vie par une faveur divine car il est mort-né. Il mène alors une vie humble, au milieu d'hommes frustes dans les forêts autour d'Andenne, leur portant assistance dans la fabrication de charbon de bois- (très utilisé par les potiers)- Puis il choisit de vivre en ermite et des voisins l'ayant découvert mort un jour, veulent l'amener à Andenne, ce que les chevaux refusent de faire, en se détournant vers l'église St-Jean L'Evangéliste de Huy. Depuis ces temps immémoriaux,, des pèlerins et des malades affluent sur son tombeau et les miracles s'accumulent.

3.BARTHELEMY FRESEN, historien, narrateur liégeois in "Sancta Legia Romanae ecclesiae filia sive Historia ecclesiae Leodiensis" Liège/1642

Ayant clôturé son exposé sur St Mengold de Huy, l'historien est arrivé chronologiquement à l'année 909, en soulignant que rien n'est connu sur celle de St Mort,si bien qu'il l'a réunie à celle de st Mengold, autre grand saint de Huy. St Mort, mort-né, est ressuscité et baptisé. Il grandit et apporte d'abord son aide aux campagnards. Puis il se met à fuir la compagnie des hommes et entreprend une vie d'ermite. Il installe sa hutte dans les bois d'Andenne et sa mort arrive tardivement. Ce sont ses voisins qui découvrent son corps, mais ils ne peuvent contraindre leurs chevaux à l'emmener à Andenne. C'est devant l'église St-Jean l'Evangéliste de Huy qu'ils viennent s'arrêter. Autrefois, il s'y illustra par de nombreux miracles et tout récemment encore, son tombeau fut épargné par les inondations du Hoyoux, alors que le pavement de l'église était tout crevassé de fentes non sans importance!.

4. PHILIPPE SAULCY: "Culte de Saint Mort à Huy" opuscule ou petit manuscrit écrit après 1658, actuellement disparu, appartenant à l'époque au curé Xavier-Joseph CHASSEUR, de Gonrieux (Couvin) édité en 1893.

Saint Mort est né-mort en 698, fils d'un pauvre charbonnier, son corps est exposé devant la Vierge Marie et il recouvre la vie. Dans sa jeunesse, il est le gardien des troupeaux de sainte Begge. IL décide de vivre en anachorète dès l'âge de 18 ans. Il est mort à l'âge de 80 ans, donc en 778, on dépose alors son corps dans un cercueil de pierre-(sarcophage).

5. BOLLANDISTES: " De Sancto Mauro sive Mortuo-nato qui colitur Hoii in Belgio" in Annalecta Bollandiana T XII/1893 pp.353-355.

Ils rappellent le seul récit de Gérard de Gingelom, mais osent une hypothèse hasardeuse en écrivant que saint Mort aurait vécu au VIIe siècle puisqu'il est dit qu'il était le favori des religieuses d'Andenne, dont le monastère date du VIIe siècle....!!!

(Rappelons que BEGGE serait née en 595, aurait épousé Anségise en 610, serait venue fonder le monastère d'Andenne en 692 et serait décédée en 695... La vie de cette sainte n'aurait été écrite qu'au début du XIIe siècle ou, au plus tôt, à la fin du XIIe siècle).

Bollandus ajoute que comme ni Jean d'Outremeuse (1338-1400) ni Jean de Stavelot( 1388-1449) ne parlent de ce saint dans leurs chroniques, il se pourrait qu'il n'ait pas vécu avant le XVe siècle!


LA LEGENDE POPULAIRE

Jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de 18 ans, l'abbesse BEGGE d'Andenne prend le jeune "Mort" sous sa protection et lui confie le poste de gardien de ses troupeaux. Il a le don d'ubiquité, car elle doit constater qu'il peut en même temps garder le cheptel et assister sur les bancs de l'église à la messe du matin!


DATE PRESUMEE

=D'après Gérard de GINGELOM, c'est du temps de l'église St-Jean l'Evangéliste et de son autel consacré la Bienheureuse Vierge Marie de la Vignette= XIe siècle?

=D'après Godefroid PETITT, c'est aussi du temps de l'église St-Jean l'Evangéliste.

=D'après Barthélemy FRESEN, c'est 909 ?, après st Mengold, mais aussi du temps de l'église St-Jean l'Evangéliste.

L'église Saint-Jean de Huy pourrait dater du XIe siècle vu la présence, au tympan de St-Mort, d'une Déèsis des années 1080-1090, sculpture romane où figurent le Christ, la Vierge et st Jean l'Evangéliste. 
Toutefois, les premières dédicaces sont de 1170-1178.                                                                                                     


=D'après les BOLLANDISTES, c'est au VIIe siècle, avec une très mauvaise explication et confusion entre sainte Begge et les dames d'Andenne ou au XVe siècle, tout à fait impossible, car ce serait après la fondation de l'église St-Mort en (ou avant) 1216!

=D'après la LEGENDE, que nous ne négligerons pas, s'il a 18 ans entre 692, année de fondation du monastère, et 698, année du décès de l'abbesse Begge, il serait donc né entre 664 et 670, et mort, à 80 ans, c'est-à-dire entre 744 et 750 .

                  Ce que l'on sait avec certitude, c'est  que la première mention d'une paroisse et d'une église St-Mour se trouve dans le cartulaire de l'abbaye d'Aulne en 1216 !

LE CULTE

D'abord un culte populaire, non cautionné par l'institution ecclésiastique, qui commençe dès l'inhumation du corps de saint Mort dans son sarcophage. Officiellement, des miracles survenus sur ce tombeau ont été relatés depuis la moitié du XVe siècle. Le curé Philippe SAULCY en recense 32 au XVIIe siècle.

En 1634 a lieu une élévation du corps du saint par le cardinal P.Louis Carrafa, nonce du pape urbain VIII, le bourgmestre Mélart est présent à la cérémonie. Les ossements sont relevés d'un sarcophage de pierre et placés dans une châsse en bois. En 1668,un chirurgien , des chanoines et un notaire pratiquent un examen des os dans la châsse. Celle-ci sera toujours présente aux processions du 15 août en l'honneur de Notre-Dame de la Sarte. En 1875, nouvelle ouverture de la châsse, cette fois pour prélever des reliques destinées à l'évêque de Liège.

En 1621, une chapelle dédiée au saint a été construite à Haillot, sur le lieu présumé de son ermitage, entre Coutisse et Perwez. On y relève une inscription que les historiens qualifient de fantaisiste: "L'an 613, de ce lieu, saint Mort monta aux cieux". Son autel, à l'est, surplombe une énorme pierre, appelée l'oreiller de saint Mort. Il s'agit, en fait, d'un monument mégalithique en poudingue, ancienne pierre druidique. Cet édifice sera restauré en 1793. Des processions pieuses sont organisées, mais doivent être supprimées en 1837, car les autorités ont constaté qu'elles perdent tout caractère religieux et deviennent plutôt des kermesses! Elles reprendront 50 ans plus tard. De pèlerinages y ont lieu jusqu'en 1914-1918.


Ancienne église St-Mort à Huy

SOURCES CONSULTEES

Philippe Saulcy: La Vie de Sainct Mort Hermite Honnoré dans le faubourg de Huy in Annales du Cercle Hutois des Sciences et Beaux-Arts Tome IX/1891.

Jules Fréson: Observations critiques sur le manuscrit "La Vie de Sainct Mort Hermite Honnoré dans le fauxbourg de Huy-décédé dans le bois de Haillot l'AN 698" ibidem Tome X/1894.

Jean-Louis Antoine: L'Eglise Saint-Mort à Huy ibidem Tome XXXII/1978.

Stéphanie Denoël: En marge de la liturgie, au coeur de la dévotion populaire: étude historique du culte à saint Mort et de son sanctuaire ibidem Tome LVI/2002-2003.

François Jacques: St Mort, sa vie, ses reliques, son pèlerinage Editions Condroz-Meuse à Haillot/1971.

Chantal du Ry: Huy, histoire d'une ville médiévale à travers ses légendes et ses monuments; édition CEFAL.


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