L'ANCIENNE COLLEGIALE D'AMAY

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L'Ancienne Collégiale Saint-Georges et Sainte-Ode d'Amay
Shéma d'évolution dans la construction de l'ancienne collégiale d'Amay; Extrait du Mémoire de Licence d'Etienne COLIN-ULG 1989




INTRODUCTION

Emplacement de l'église St-Georges primitive (année 634) à Amay. Maquette du Musée Communal d'Amay

C'est sur la rive gauche de la Meuse, à 7 km en aval de HUY, que se situe le centre ancien du bourg d'AMAY. On y voit toujours l'ex- collégiale St-Georges et Ste-Ode (XIe siècle), des ruelles étroites et sinueuses, d'anciennes maisons claustrales, le corps de logis d'une vieille ferme du XVe siècle et des fontaines séculaires à présent asséchées. L'église a été construite sur une butte (cône de déjection) au bord du ruisseau du "ROUA", elle était jadis entourée de cimetières. Le vicus gallo-romain d'Amay s'est développé en bord de Meuse, puis une église-basilique dédiée à saint Georges a été bâtie sur les ruines du bâtiment principal de cette "villa" à l'époque mérovingienne. Le pont romain d'Ombret, tout proche, faisait traverser la Meuse à la chaussée TONGRES-ARLON-METZ. La légende raconte que ce fut de la rive droite du fleuve qu'arriva sainte Ode (Chrodoara). Elle reçut du Ciel l'ordre de lancer son bâton par-dessus le pont et d'aller faire bâtir la Collégiale à son point de chute. Ce fut l'ancienne basilique que l'on agrandit et dédia à ces deux saints. L'édifice actuel a probablement été édifié vers l'an 1089, sur les ruines des bâtiments antérieurs. Il gardera son statut de COLLEGIALE jusqu'en 1797, année où son chapitre fut dissous.

DESCRIPTION

GENERALITES

Maquette de l'église St-Georges et Ste-Ode d'Amay. Visible sur place
Vue du choeur de l'église d'Amay
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L'édifice est axé SO/NE. Il se compose d'un massif occidental comportant trois tours quadrangulaires à flèche aigüe, de deux porches latéraux, d'une nef de 3 vaisseaux longs de 5 travées, d'un transept continu à croisée et d'un choeur à chevet plat. (voir sur WikiHuy les termes d'architecture religieuse: ARCHITECTURE_RELIGIEUSE). Longueur 60 m, largeur 25 m et hauteur 40m pour la grande tour. Son type est basilical, son matériau est de grès et de pierre calcaire locaux. Son architecture présente un caractère composite évident.

LES PORCHES

Ils témoignent d'une architecture de prestige de style classique et ont été construits sous l'abbatiat de Lambert-Walthère van-den-Steen en 1772 (chronogrammes sur place, aux frontons).

-Le porche SUD est l'entrée principale de l'église. On y accède par deux volées droites d'escaliers en pente raide. Toit à demi-bulbe. Dans le flanc droit, un escalier en vis raide et étroit conduit au comble, ouvert lui-même sur la tour SUD.

-Le porche NORD est plus petit et inséré dans la tour, tout en étant une copie du porche sud.

LES TOURS

Les tours latérales ont été construites avant la tour centrale, qui date de l'époque gothique.

-La tour sud: architecture médiévale fruste, assez sommaire, peu évoluée et maintes fois remaniée, peut-être édifiée sur une tour plus ancienne. Au premier étage, une chambre de tir avec, par exemple, une haute meurtrière Colonnes de style gothique droite, à hauteur d'homme, ébrasée et arquée vers l'intérieur. Au deuxième étage, accès étroit à la tour centrale. Au troisième étage, également un accès à la tour centrale, mais sous la forme d'une baie très haute. Au-dessus, comme quatrième étage, le réduit réservé à l'horloge, aménagé en 1774 (millésime gravé dans l'enduit). L'ancienne horloge, mécanique, date de 1894, mais aujourd'hui, c'est une horloge électrique qui tourne à cet endroit. Comme toiture, une flèche octogonale avec le millésime Avril 1608.

-La tour nord: de meilleure technique de construction, aux moellons de grès mieux équarris. Rez-de-chaussée aménagé en 1772, en même temps que l'adjonction du porche. Les trois étages sont fort semblables à ceux de la tour sud, mais le travail y est mieux "fini. Sa flèche servait de clocher.

-La tour centrale: comporte également un rez-de-chaussée et trois étages.

Ce rez-de-chaussée culmine au niveau du deuxième étage des deux autres tours et est largement ouvert sur le vaisseau central de la nef. Le tiers inférieur est fermé par un ancien jubé déplacé du choeur pour constituer une chapelle de semaine. L'espace restant, sorte d'entresol accessible par un escalier en coin, abrite l'orgue. Colonnes et piédroits de style gothique. A l'ouest, un large oculus, visible aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur.

Au troisième étage, la chambre des cloches contient un beffroi métallique de deux cloches et une beffroi de bois de deux cloches, dont une manque. A l'est et à l'ouest, deux grandes baies en arc surbaissé, munies d'abat-son. Flèche pareille aux deux autres, mais millésimée 1889.

LA NEF

Elle compte trois vaisseaux de 5 travées dont la dernière de chaque collatéral est flanquée d'une chapelle (St-Georges au sud et St-Hubert au nord).. C'est le large vaisseau central qui donne un air basilical à l'église. Le sol est un damier orthogonal de granit noir et gris, il se prolonge dans le transept et au rez-de-chaussée des tours latérales. Au XVIIIe siècle, une voûte a remplacé le plafond plat. L'aménagement intérieur de style classique et les bas-côtés sont aussi de cette époque. La nouvelle charpente, plus haute et plus pentue que celle d'origine, date de 1765.

LE TRANSEPT

Il comporte des bras de deux travées et une large croisée. il est aligné sur les chapelles des bas-côtés. Il abrite, au sud, l'autel de la Vierge et, au nord, celui de saint Ode. A l'intérieur, les bras forment un hémicycle. A l'est, les passages vers le cloître. Décor plus évolué que celui de la nef, de style classique. Années de construction: 1773 au nord et 1774 au sud.

LE CHOEUR

Il est de construction plus récente que les structures médiévales de la nef, mais plus ancien que les aménagements du XVIIIe siècle. Il est à chevet plat et profond de trois travées. Il est construit plus bas que le transept et le vaisseau central et est flanqué de deux sacristies et prolongé par le bâtiment jadis réservé au Chapitre. Mais à l'intérieur, le choeur est surélevé par rapport au reste de l'édifice. Escalier de marbre, haut de trois marches et chantourné. Dallage en damier noir et blanc; Au fond, un imposant maître-autel. La voûte est datée de 1725.

LE CHEMIN DE CROIX et L'ART RELIGIEUX

Un des tableaux du Chemin de Croix moderne par Georges LEPLAT à l'ancienne Collégiale St-Georges et Ste-Ode d'Amay


Magnifique œuvre contemporaine de l’artiste amaytois Georges Leplat (1930-2010), chemin de croix de 15 stations réalisées à la feuille d’or selon la technique iconique.  Rehaussant l'éclat intérieur de l'édifice, ses œuvres enrichissent la précieuse collection d'œuvres d'art de la collégiale.

La collégiale abrite aussi une remarquable collection de christs, un mobilier représentatif de l’évolution stylistique du XVIIe s. au XIXe s., les toiles de Fisen « Charité de sainte Ode » , du XVIIe et Deprez « sainte Ode et le Mendiant », de 1772, de nombreuses statues du début du XVIe jusqu’au XXe s., des ornements liturgiques, un superbe jubé de 1685, des statues des saints patrons du maître-autel (fin XVIIe), l’orgue Clerinx de 1866 ; trois bas-reliefs de Antoine-Marin Mélotte retraçant les épisodes de la vie de sainte Barbe ; dans le trésor: argenterie religieuse, missels, antiphonaires anciens etc…

LE CLOÎTRE

Le splendide cloître oriental (on n'en trouve que sept en Europe occidentale et centrale), probablement d’origine romane et restauré au XVIIIe siècle, abrite le musée communal qui expose les pièces archéologiques découvertes lors des fouilles du Cercle archéologique Hesbaye-Condroz, ainsi qu'une belle collection de christs remarquables et d'objets liturgiques.

Vue intérieure du Musée communal d'Amay. Photo page Facebook


CONCLUSIONS et REMARQUES

Deux objets précieux et uniques sont présents dans l'église:

1. LE SARCOPHAGE DE CHRODOARA

Sarcophage de sainte Ode ou Chrodoara découvert en 1977 à AMAY


2. LA CHÂSSE DE SAINTE ODE

La châsse de sainte Ode à l'église Saint-Georges et Sainte-Ode d'Amay


Magnifique exemple des différentes techniques d'orfèvrerie mosane du XIIIe siècle. La châsse est constituée d’une âme en chêne revêtue de plaques de cuivre, d’argent, d’émail et de pierreries. Début du VIIIe siècle, Floribert, évêque de Liège, aurait procédé à la translation des reliques dans le sarcophage. Vers 1235, les reliques furent transférées dans cette châsse. Depuis 2017, la châsse est mise en valeur dans l’ancienne salle capitulaire.

GALERIE


SOURCES

-Etienne COLIN : L'Evolution Architecturale de l'Ancienne Collégiale Saint-Georges et Sainte-Ode d'Amay, du Xe siècle à la fin du XVIIIe siècle. Mémoire de Licence ULG 1988-1989.

-Etienne COLIN L'Architecture de l'Eglise Saint-Georges et Sainte-Ode d'Amay in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux Arts, tome XXXV, pages 17 à 92

-Freddy VAN DAELE La Dame du Sarcophage d'Amay. Edition Alfred Van Daele/Hosdent-sur-Mehaigne 2012






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