Débat préélectoral

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La Coordination des Centres culturels en région hutoise (CCCRH) a organisé un débat préélectoral en vue du scrutin 2014.

Les quatre têtes de listes des partis dotés de représentants à la région wallonne à l'issue des précédentes élections se sont rencontrées au Centre culturel de l'Arrondissement de Huy (CCAH) le soir du mardi 13 mai 2014. Il s'agissait, dans l'ordre des numéros de partis lors des élections, d'Hervé Jammar, pour le MR (n°1), Jean Marot, pour Ecolo (n°9), Christophe Collignon, pour le PS (n°10), et Joseph Georges, pour le CDH (n°14).

Présentation des candidats

Les candidats se sont présentés eux-même en deux minutes, en expliquant pourquoi ils s'étaient engagés en politique, et pourquoi ils se présentaient à la Région wallonne en 2014.

Tête de liste MR à la Région

Hervé Jammar avait déjà sa carte du parti libéral à 16 ou 17 ans. Il fut président des étudiants libéraux de l'ULg, et fut conseiller communal à Hannut très tôt, puis bourgmestre à l'âge de 29 ans. Il fut député en 1999. Il a choisi de se présenter à la Région car il aime gérer les matières concrètes qu'on y traite.

Tête de liste Ecolo à la Région

Jean Marot, le cadet des candidats réunis pour le débat, exerce son métier d'avocat (les trois autres sont aussi avocats) , et n'est donc pas un professionnel de la politique comme les autres têtes de liste. Il se présente à son premier scrutin d'importance, après les élections communales à Huy. C'est ce qu'il appelle "l'Affaire du Parc des Récollets" en 2006 qui lui a donné le goût de la politique. Il est d'ailleurs fier que ces événements aient conduit à la première consultation populaire wallonne. C'est dans cette état d'esprit qu'il a participé aux élections communales de sa ville en 2012. Il est membre du conseil de la fédération écolo et considère la Région comme un levier adéquat pour faire avancer les idées du parti.

Tête de liste PS à la Région

C'est en quelque sorte la culture familiale qui a conduit Christophe Collignon à s'engager en politique. Il est convaincu de la force de l'action publique, de l'importance du rôle de l'Etat pour assurer la cohésion sociale. Il fut président des étudiants socialistes puis très vite a participé à différents niveaux de pouvoir : Région, Sénat (qui lui a permis d'appréhender toutes les dimensions de la Belgique plurielle et de prendre conscience des spécificités de la minorité wallonne au sein de l'Etat belge), Province et communes. Il se sent proche du terrain communal et de son arrondissement, et s'est donc tout naturellement intéressé à la Région, qui traite ces matières. C'est à ce niveau de pouvoir que l'on détient les clés du redéploiement, surtout à un moment où de nombreuses compétences lui sont transférées. Ce sont autant de nouvelles opportunités à saisir.

Tête de liste CDH à la Région

C'est plutôt le parc Bastin qui figure parmi les souvenirs les plus vifs de Joseph Georges quant à ses motivations à participer à la politique. Ce Parc défiguré selon ses dires par la construction du Pont de l'Europe, exemple majeur de cette entreprise de bétonnage systématique de la Ville de Huy contre laquelle il s'est mobilisé. Il est député fédéral depuis 2007 et se présente aujourd'hui à la Région car c'est là qu'il s'agit de prendre son destin en mains.

Cinq questions posées par des citoyens aux candidats

L'insertion des jeunes

Marie Maréchal, Directrice du Centre culturel de Marchin, a rencontré un groupe de jeunes en insertion qui lui ont confié leur ressenti face au manque d'emploi pour les jeunes, aux sanctions qui menacent ceux qui souhaitent s'occuper positivement plutôt que de se morfondre dans le chômage, au sentiment de constituer la marge de la société. L'OISP de Marchin propose des formations et un accompagnement de l'insertion des jeunes. Mais quel espoir de carrière peuvent-ils entrevoir aujourd'hui alors qu'il semble évident qu'il n'y aura pas suffisamment d'emploi pour répondre à la demande. Leur question aux candidats : quelle stratégie comptent-ils mettre en place pour favoriser l'épanouissement des jeunes, les soustraire aux menaces de l'ONEM ? Que faire des exclus qui resteront immanquablement sur la touche ? Comment faire en sorte que la créativité ne soit plus suspecte ?

L'emploi dans les services publics

Jean Blairon, Directeur d'RTA (Organisme d'Éducation Permanente), demande que les candidats se positionnent face aux services publics. Constituent-ils une nécessité, un atout en termes d'emploi ? Doit-on privilégier le statut de contractuel plutôt que celui de statutaire ? Comment se situent-ils dans cette controverse liée aux meilleures stratégies pour résister à la crise ? Pensent-ils que les services publics entrainent des coûts excessifs pour la société ? Et face aux transferts de compétences vers les régions, allons-nous vers plus ou moins d'Etat dans l'organisation du vivre ensemble ?

Les aides à l'emploi dans le non-marchand

Jean-Pierre Houet, Directeur du Centre culturel d'Engis, nous confie avoir traversé 30 ans d'aides diverses à l'emploi, depuis le plan Spitaels jusqu'aux APE, en passant par les ACS, Prime et compagnie… Elles se traduisent en général par des réductions de cotisations ONSS. À l'heure où ses compétences passent aux régions, tout comme la réglementation des titres-services, comment assumer l'investissement financier ? Alors que l'on a assisté à un développement important du non-marchand, quelle attitude les candidats vont-ils défendre par rapport à ces aides ? Avec quels moyens ? Comment réagir face à la complexification croissante de ces réglementations ? Envisagent-ils un phasage de cette stratégie ? Va-t-on encore devoir se résoudre à des sacrifices ? Bref, quel est leur programme ? Et qu'en est-il de la culture ? Et enfin, où sont les femmes ? Pas une seule femme à la table des têtes de listes pour Huy-Waremme !

Plan d'activation emploi des jeunes (55.000 exclus parmi les nouveaux demandeurs d'emploi ?)

Thierry Muller est membre du Collectif Riposte CTE (pour Chômeurs Travailleurs Engagés) et du Réseau STOP article 63 § 2. Face à cet article qui consiste à limiter dans le temps l'attribution des allocations de chômages aux nouveaux demandeurs d'emploi, quelle est la position de chaque candidat ? La Belgique est un pays riche, qui n'hésite pourtant pas à imposer une dégressivité des allocations, alors que ces mesures vont rapporter à peine 100 à 200 millions d'euros. Cela vaut-il le coup ? Quelle légitimité a le législateur pour imposer de telles menaces ? cela aura pour conséquence de renvoyer les jeunes aux CPAS, grevant d'autant les budgets communaux, déjà tellement sollicités. La situation des cohabitants sera même dramatique. La politique de l'emploi est-elle crédible alors qu'un million de demandeurs d'emploi à temps plein ou partiel doivent se disputer un maximum de 70.000 offres par an ? Quelles catégories de chômeurs les candidats souhaitent-ils protéger prioritairement ? Et donc, qui va-t-on laisser tomber ?

Territoire et industries

Hervé Persain, animateur du débat et animateur régional chargé de formation au CCAH, évoque la récente étude de l'IWEPS sur trois indicateurs complémentaires au PIB pour mesurer le bien-être en Wallonie. Cette étude fait apparaitre des inégalités flagrantes au détriment des communes situées sur l'ancien axe industriel wallon, et pour ce qui concerne notre région, la commune d'Engis est la moins bien classée, juste derrière celles de Huy, Amay et Saint-Georges. La désaffection industrielle le long de la Meuse y développe un chancre économique. Une nécessaire prise en compte de cette problématique passe-t-elle par une réorganisation des stratégies sur une nouvelle donne territoriale, comme celle des bassins de vie qui permettraient de développer des solutions plus proches des spécificités territoriales des sillons industriels et de mieux faire face au démantèlement économique subi ? Quelles solutions préconisent les candidats ? Et quelle est leur position face au dumping social que constitue le recours à de la main d'oeuvre étrangère soumise à des règles socio-professionnelles nettement moins avantageuses ?

Les réponses des candidats

L'ordre de réponse est tiré au sort : quatre cocottes en papier de couleurs bleue, verte, rouge et orange sont mélangées dans une ruche en osier. Allusion manifeste au coq wallon et à la sauvegarde des abeilles ouvrières de notre région ! La main innocente d'Hervé en tire une avant chaque prise de parole.

La réponse de Christophe Collignon, PS

Le contexte économique connait une mutation importante. Notre bassin industriel, qui est passé de Cockerill à Arcelor, s'est détricoté par manque de bénéfices suffisant aux yeux des responsables. Il faut distinguer la situation économique du Condroz de celle de la Hesbaye, mais notre région se situe bel et bien en dessous de la moyenne wallonne. La Région wallonne dans son ensemble garde une bonne tenue dans le contexte général, et ce malgré l'obligation du refinancement des banques lors de la crise, pour protéger les épargnants. Par rapport à la situation internationale, cela ne va pas trop mal non plus : il suffit de voir comment se porte la Grèce, où les salaires des fonctionnaires ont été divisés par deux ! Sur le plan national, nous devons faire face à une Flandre majoritaire et à l'émergence de la NVA.

Lors de la difficile négociation qui a longuement précédé la formation du gouvernement, des compromis ont dû être trouvés, qui se sont traduit par des mesures sociales déplaisantes, malgré leur caractère exceptionnel. On fut amenés à pratiquer la politique du moindre mal, avec des ajustements comme celui qui vient d'être trouvé pour rectifier les limitations dans le temps des allocations de chômage accordées aux jeunes chômeurs, en prenant en considération les périodes d'emploi à temps partiel dans le calcul d'ancienneté. (Voir la page WikiHuy consacrée aux Acteurs des Temps Présents en région hutoise - NDLA)

Sa priorité va aujourd'hui à l'amélioration des conditions d'emploi, ainsi qu'à assurer un logement décent pour tous (Voir la page WikiHuy consacrée au 125 ans de logement social en région hutoise - NDLA).

Il convient aussi de prendre en compte la réalité de la fédéralisation, et des transferts de compétences aux régions, qu'il faut traduire en nouvelles opportunités. Profitons-en pour augmenter les petits et moyens revenus, pour privilégier la création d'emplois dans les secteurs des nouvelles technologies, notamment dans le développement de nos aéroports régionaux. Il est impératif de mener une politique de discrimination positive vis-à-vis de l'emploi des jeunes.

La réponse de Joseph Georges, CDH

Il convient de se poser la question de savoir quel est le rôle de l'État et quel modèle de société nous voulons. Sa position est qu'"il ne faut pas moins d'État, il ne faut pas plus d'État, il faut mieux d'État".L'avenir wallon dépend du sens que l'on donne à la politique. Il faut créer de nouveaux secteurs, par exemple dans les domaines culturel et touristique. Il faut inventer des projets moteurs, développer la capacité d'entreprendre, offrir des services à la population, améliorer la formation et l'éducation, en transmettant le goût d'entreprendre et l'esprit d'entreprise, notamment dans les nouvelles technologies. Il convient de s'orienter vers l'avenir, et de rendre confiance aux citoyens. La situation est grave, mais pas catastrophique. Sans s'inspirer outre mesure du modèle américain, il faut reconnaître que leur taux de chômage n'est que de 6,3% ! La priorité doit être accordée à l'engagement des jeunes, par des systèmes du type "dispenses de cotisations sociales".

Il ne faut pas opposer le public au privé. Si lors de la crise financière on a trouvé des fonds pour garantir le capital banquaire, il fa
ut maintenant se consacrer à améliorer les statuts d'aides à l'emploi, en s'attaquant aux secteurs les plus vulnérables, avec une meilleure compréhension du non-marchand.

Il faut aussi s'attaquer aux pertes liées au système fiscal, et faire en sorte que des restrictions sur les bases imposables ne profitent pas aux grosses entreprises qui cherchent à échapper à la taxation. La situation sociale est préoccupante : certains jeunes sont amenés à quitter l'école dès 18 ans pour ouvrir leur droit aux allocations de chômage, alors que l'enseignement est capital pour améliorer ses chances de trouver un emploi !

Sauvons ce qui reste de l'État… Sur le plan international, nous devons rester crédibles, mais la Belgique se porte plutôt bien ! Relançons notre économie en investissant dans de nouveaux secteurs et en y garantissant notre capacité d'action. Il convient de revaloriser les études, ainsi que les secteurs de la santé, du logement…

La réponse d'Hervé Jammar, MR

Il accorde beaucoup d'importance à l'art et à la culture, qui sont des enjeux majeurs pour faire face à la crise. Comme mandataire communal, il est très attaché à sa compétence culturelle. Il faut bien sûr tenir compte des clignotants utiles pour mesurer les effets de la crise, mais la crise financière ne doit pas se traduire par une crise de société !

Il est conscient de l'importance du non-marchand, aussi bien public qu'associatif. Il faut combattre les inégalités liées aux contrats d'emploi dans ce secteur. Il ne comprend pas qu'il puisse s'y rencontrer autant de différences. On a bien réformé les services d'incendie, de police, les statuts des fonctionnaires, tout ce qui concerne les missions régaliennes de la société. Ce n'est pas pour faire en sorte que les emplois du parapublic et du non-marchand restent les parents pauvres du système.

Ainsi pourquoi faut-il être demandeur d'emploi pour bénéficier des aides à l'emploi ? Nous vivons le paradoxe de devoir justifier de deux ans sans travail pour bénéficier des aides à l'emploi ! Pourquoi ne pas calquer les statuts non-marchands sur celui des contractuels dans la fonction publique. Ne serait-ce pas plus simple, et sujet à moins de tracasseries administratives ? Il félicite la CSC (sans pouvoir être taxé de proximité contre nature avec cette famille politique) pour son mémorandum concernant le rapprochement sous forme de contrat global entre le public et le non-marchand.

Dans le domaine privé, 90 % de l'emploi repose sur des entreprises de moins de 9 personnes ! Favoriser l'engagement de trois premiers emplois sans cotisations sociales et en diminuant les charges patronales ne coûterait pas cher au budget fédéral : 110 millions suffiraient…

Pour améliorer le sort de notre arrondissement Huy-Waremme, ne peut-on imaginer de se liguer entre tous les partis pour faire en sorte que nos communes ne deviennent pas des cités dortoirs. Pourquoi le Schéma de Développement de l'Espace Régional (SDER) a-t-il été mis au frigo par Ecolo ? Ne peut-on s'entendre pour garantir nos intérêts communs ?

À ce stade du débat, Hervé Jammar, pris par d'autres obligations, se fait remplacer par Jacques Mouton, Échevin MR à Huy, qui n'est pas candidat aux prochaines élections.

La réponse de Jean Marot, Ecolo

Il revient sur le constat de Thierry Muller. Il se félicite que les critiques adressées au gouvernement l'ait obligé de faire marche arrière au niveau de l'article 63 § 2. Certaines motions apportées ont des portées symboliques. Il regrette cependant le manque de mobilisation dans ce domaine, pour lutter contre les mesures inefficaces quant au stage d'attente, aux exclusions, etc. La réforme liée à l'activation de comportement de recherche d'emploi des jeunes chômeurs remonte à 2004 avec la procédure remettant en question la notion d'État social actif chère à Vandenbroucke, caractérisant le système belge de sécurité sociale. Les droits sont soumis à des obligations imposées aux chômeurs, mais l'État les assume-t-il, lui, ses obligations ? Jean Marot n'en est pas convaincu !

Il veut voir lui aussi le transfert de compétences à la région comme de réelles opportunités. Il va falloir travailler avec le Forem, et améliorer le suivi, à ne pas confondre avec les sanctions. Il est absurde de jouer le gendarme et le conseiller en même temps. Il faut distinguer les deux missions, pas les imbriquer l'une dans l'autre ! Il faut aussi être clair par rapport à l'intégration sociale. Que cherche-t-on ? Plus de liens pour trouver de l'emploi ou l'inverse ? Quelles sont nos priorités ?

Quant au chômage, on a tendance à supprimer des calculs certains statuts pour améliorer les chiffres. Mais c'est incontournable : il faut créer de l'emploi ! Il faut permettre aux jeunes de s'inscrire dans les contrats jeunes dès leur sortie de l'école, sans stage d'attente, en proposant par exemple des formules du type : 1/2 temps rémunéré + 1/2 temps formation, pendant 6 mois renouvelables une fois. Ou encore des plans "tandem" : un temps partiel proposé aux aînés (1/2 temps payé à 75%) pour accueillir un 1/2 temps jeune au sein de l'entreprise.

Concernant les indicateurs alternatifs de bien-être, ce sont des données précieuses. À Huy-Waremme, il faut prendre en compte le niveau inférieur de bien-être qui caractérise la vallée mosane. Le PIB n'est pas le seul indicateur utile !

Quatre questions posées par quatre membres de l'assemblée à un candidat désigné

Question à Jean Marot

"Souhaitez-vous réduire les investissements publics dans les domaines de l'éducation et de la santé ? Que pensez-vous de la politique d'immigration menée par Maggie De Block, Secrétaire d'État à l'Asile et la Migration ? Que pensez-vous du dumping social consécutif au recours à des travailleurs provenant de pays au système socioprofessionnel moins favorable que le nôtre ?"

Ecolo ne veut pas toucher à l'éducation et à la santé car il veut garantir ces services de première ligne.
Jean Marot se dit choqué par la politique de Maggie de Block. Son parti s'est mobilisé de longue date contre les centres fermés et est présent, notamment à Vottem, dans les nombreuses manifestations publiques qui réclament leur fermeture. La stratégie de rapatriements forcés est également inacceptable.
Il condamne le dumping social, un fléau contre lequel une réponse de niveau européen doit être apportée dans le sens d'une harmonisation des normes sociales, et avant d'y arriver, en obligeant de soumettre tous les travailleurs employés dans un pays à la même couverture sociale que les nationaux. La directive européenne sur le détachement doit être retravaillée vers plus de justice sociale.

Question à Christophe Collignon

"Le transfert de la politique de l'emploi aux régions va-t-il améliorer les aides à l'embauche ?

Tout d'abord il faut préciser que la politique du Forem est déjà régie par la région, mais il est vrai que le montant géré régionalement va augmenter considérablement : le montant transféré du fédéral aux Régions sera de 90 % des montants consacrés par le fédéral aux compétences liées au « Marché de l’emploi ». Le souhait du PS est de transformer l'investissement lié aux réductions de charges sociales favorisant l'emploi en bénéfice lié aux emplois générés. Le niveau de taxes transférées aux régions doit pour l'instant être garanti mais il faudra vraisemblablement les augmenter à l'avenir car le transfert des montants du fédéral aux régions va diminuer progressivement.
Il revient sur la notion des bassins de vie énoncée précédemment. Cette approche permettrait de mieux tenir compte des spécificités locales pour adapter les politiques de l'emploi et de la formation. Par exemple, une entreprise comme Hesbaye Frost dans notre région appelle des formations particulières à activer en fonction des besoins. Les charges sociales pourraient être diminuées sur des secteurs mieux ciblés par région. D'une manière générale, le système d'aides à l'embauche doit être revu radicalement et simplifié, aussi bien pour les demandeurs d'emploi que pour les employeurs.

Question à Joseph Georges

"Quelle est votre politique en matière de formation et d'enseignement ? La ville de Huy bénéficie d'une offre d'enseignement considérable dans les différents réseaux. Cette offre génère une compétition malsaine entre les options proposées, quelles soient identiques dans plusieurs écoles ou différentes. Pourquoi ne pas penser l'enseignement comme un service unique, plus cohérent ? Cela induirait des économies, réduirait la concurrence, et offrirait une plus grande mixité au sein des écoles. L'accompagnement des enfants ne doit-il pas être améliorer, à l'heure où l'on perçoit des décrochages scolaires dès le fondamental ? "

Avant tout, il convient de faire confiance aux écoles et aux enseignants, qui sont les mieux placés pour adapter l'offre d'enseignement et répondre aux problèmes de société. Il faut aussi revaloriser les filières qualifiantes et revoir les rythmes scolaires, en réservant par exemple les matinées aux cours théoriques et les après-midis à de la psychomotricité et à des activités de tous ordres (culturel, sportif…).
Il faut en effet porter nos efforts dès le fondamental, mais il faut aussi plus de concertation entre les réseaux. Et enfin, développer le goût d'entreprendre, le sens de l'effort.

Question à Jacques Mouton

"Que pensez-vous de la pénurie de métiers scientifiques, qui oblige nos diplômés à travailler en Flandre plutôt qu'en Wallonie ? Quelle politique de recherche envisagez-vous ?"

Comme les indicateurs proposés précédemment le montrent, notre bassin sidérurgique était orienté vers l'industrie lourde, en fort déclin aujourd'hui. Il convient d'injecter des moyens dans ces régions déshéritées dans notre Province de Liège. La région wallonne n'a pas pris ses responsabilités pour envisager un redéploiement vers les nouvelles technologies comme en Flandre. Aujourd'hui c'est chose faite, mais on a raté le premier train ! Il faut résorber notre retard, ce qui pose la question des moyens et des finances à investir dans ce domaine.
Comme pour le chômage, il faut changer les mentalités, en encourageant de nouvelles attitudes, notamment dans le chef des parents. Il convient d'abandonner certaines filières technologiques dépassées et adapter les filières techniques et qualifiantes en fonction d'une vision du futur, en équipant mieux les écoles. L'offre de formations doit être améliorée et mieux répartie entre les réseaux pour éviter les gaspillages.

Réactions et interpellations du public

Le public pouvait transmettre ses commentaires, objections et demandes d'éclaircissement par écrit à Jean Blairon, chargé de les synthétiser et de les transmettre aux candidats. Ceux-ci répondent en trois minutes aux points qu'ils choisissent de traiter.

Questions aux candidats

Les citoyens ne perçoivent pas toujours les bénéfices des aides à l'emploi. Ne faut-il pas aussi s'attaquer aux causes du manque d'offre ? Ainsi, doit-on continuer à offrir des cadeaux aux employeurs qui ne procurent pas d'emploi en retour ? Quant au dumping social déjà évoqué, ne faut-il pas agir plus durement sur cette concurrence déloyale ?
Quels sont les modèles de référence des partis représentés ? Qu'est-ce qui a le plus d'importance pour eux : une forte croissance ou les indices de bien-être des populations ? Qu'elle est leur position vis-à-vis de la proposition d'un revenu minimum inconditionnel d'existence ? Et comment comptent-ils valoriser les richesses qui émergent en dehors des circuits de l'emploi ? Sur ce point, quelle réponse apporter prioritairement, entre l'allongement de carrières, l'effort à fournir pour les jeunes demandeurs d'emploi, etc. ? Et comment comptent-ils revaloriser les filières techniques ?

Réponse de Jacques Mouton

Il prône les primes à l'embauche pour les employeurs. Il n'est pas possible par ailleurs de garder chez nous les multinationales sans octroyer un coup de pouce de l'État. Les taxes imposées en Belgique ne permettent pas le maintien de l'activité, et provoquent des délocalisations pour contourner les charges sur l'emploi. Il faut cependant lutter contre le dumping social, présent même sur les chantiers publics ! Mais dans le chef de l'employeur, le choix est dicté par la recherche des bénéfices maximums, et il se tourne par conséquent vers une main d'oeuvre moins coûteuse pour baisser ces prix et obtenir les marchés publics.

Réponse de Christophe Collignon

Il réclame un changement de paradigme et des valeurs sociétales différentes. Il accueille favorablement les nouveaux indicateurs de bien-être. Le PS lutte contre la mondialisation, et lui-même regrette les attitudes négatives des entreprises, ainsi que le jugement des agences de cotation.
La directive européenne permettant le détachement de travailleurs soumis à un système de législation sociale moins protecteur induit des effets pervers. Mais on n'y coupe pas : il faut continuer à créer de la richesse pour la redistribuer sous forme de correctifs en faveur de la cohésion sociale. Cela nécessite des budgets à tous les niveaux, du communal à l'Europe. Malheureusement le modèle contemporain est celui des pays anglo-saxons de droite ; à nous de concilier cette politique avec nos attentes de plus de dignité pour l'ensemble de la population.

Réponse de Joseph Georges

La croissance oui, mais il faut la mesurer avec d'autres indices que le seul PIB ! Certes la valeur se mesure en argent, mais la société, la sécurité, l'école ont aussi leur importance. Certains prônent la décroissance. Quid alors des budgets nécessaires pour réaliser la politique sociétale ? Les catégories des jeunes et des aînés sont à prendre en compte. Nous sommes confrontés au vieillissement de la population, mais saisissons cette opportunité pour transférer le savoir des aînés vers les plus jeunes. Gardons à l'esprit que la décroissance peut générer des guerres. Ce sont des périodes de décroissance qui ont généré des conflits mondiaux !
Quant au rôle de l'État, il doit effectivement agir sur les causes, gérer les rapports aux opérateurs économiques, sans oublier les indépendants et tous les grands acteurs du système, mais cela s'accompagne d'un cadre limitant la tendance à contourner les règles socioprofessionnelles. Les États sont en mesure de fixer des règles pour lutter contre le dumping social, car l'Europe est multiforme mais n'est pas un État : elle est faite d'États qui doivent prendre leurs responsabilité.

Réponse de Jean Marot

Il ne prône pas la décroissance, mais une autre croissance, qui se mesure avec des indicateurs qualitatifs. La création immatérielle doit être prise en compte, dans les domaines culturel et associatif notamment. Nous vivons une époque de crise financière, mais elle est aussi environnementale et sociale. Les citoyens peuvent aussi inventer leurs solutions, en faisant progresser la société sans nécessairement se limiter à des objectifs purement économiques. Comparer cette crise à la période de l'entre deux guerres est réducteur ! Cependant la marche du siècle est à changer, et des solutions originales s'imposent.
Les filières techniques doivent évoluer dans des domaines novateurs, comme la construction durable par exemple, en privilégiant une alliance emploi - environnement, en travaillant avec les écoles de la région afin de mieux répondre aux demandes des professionnels des différents secteurs. Il faut identifier les formations à organiser et créer de l'emploi dans de nouvelles filières de développement durable.

Conclusion des candidats

En quatre minutes, chacun peut manifester son désaccord par rapport à un point abordé par un autre candidat, et/ou faire état de sa conviction la plus ferme…

Conclusion de Jacques Mouton

Nous sommes confrontés cette année à des élections essentielles à différents niveaux. La mise en place de la régionalisation de nombreuses matières, la négociation d'un gouvernement fédéral dans un contexte difficile, la politique européenne à mettre en place… La priorité du MR est de diminuer les charges à tous niveaux et de favoriser l'emploi des jeunes. Mais comment financer les aides à l'embauche ? De nombreuses charges sont transférées du fédéral au communal, alors que les communes sont déjà étranglées.
N'oublions pas les aînés : un effort doit être fourni pour créer un maximum de places dans les maisons de repos, qui vont générer de l'emploi. Il faudra compenser la "panne" financière du secteur public dans cette tâche en se tournant vers le privé.

Conclusion de Jean Marot

Dans la période à venir, il faudra travailler à tous les niveaux de pouvoir sur le long terme, puisque nous allons normalement vivre cinq ans sans élections. il convient de poursuivre la politique wallonne dans la sérénité. Ecolo veut faire face aux enjeux environnementaux et en tirer toutes les opportunités pour assurer la prospérité et la création d'emplois nouveaux. Ecolo est incontournable dans ce domaine. Il souhaite défendre l'alliance entre l'emploi et l'environnement, offrant une bonne résistance à la crise, en réduisant les dépenses énergétiques qui génèrent des bénéfices directs aux consommateurs. La plan Marshall a été prolongé sous la dénomination de plan Marshall 2.vert qui comporte un enjeu environnemental majeur, tout comme le pôle Greenwin, un des outils majeurs du développement économique de la Wallonie à travers des partenariats publics-privés, permettant entre autre de développer la chimie verte, pourvoyeuse d'emplois. L'avenir de notre économie se joue aussi au niveau du GIEC par les plans d'action à développer en fonction des études sur le climat. Il est aberrant que l'on parle si peu, notamment dans les médias, où les scores du Standard sont plus évoqués que les rapports du GIEC ! Le défit de l'écologie politique est de travailler à la fois sur le développement économique, social et environnemental.

Réponse de Joseph Georges

Nous sommes face à un triple défit : budgétaire, gouvernemental, et stratégique pour sortir de la crise. Nous sommes aussi confrontés à une triple échéance électorale. Il s'agit aujourd'hui de ré-enchanter le projet européen en faisant vibrer les populations à l'intérieur et à l'extérieur des frontières, en évitant les fuites fiscales, en construisant l'harmonie sociale, en évitant les concurrences entre États et le contournement des règles en vue d'un enchantement personnel.
La financiarisation à outrance est à proscrire et le rapport aux banques à revoir, tout comme le rapport aux entreprises. Nous devons nous occuper de l'avenir wallon, car il nous appartient : la Flandre va progressivement se rendre compte de ses handicaps, lié à son petit territoire notamment. De notre côté, développons des projets collectifs, soyons attentifs à l'égalité des sexes, controns le dumping social, réglementons le travail intérimaire, aménageons le temps de travail en tenant compte de l'âge, créons les conditions de l'épanouissement, défendons un projet humain tourné vers l'avenir, et valorisons le mieux être collectif.

Réponse de Christophe Collignon

Il se dit optimiste. L'enjeu des élections est de pouvoir rendre des services en matière de santé avec une politique hospitalière adaptée. Les opportunités existent, aussi bien pour la Wallonie que pour notre arrondissement. La Wallonie doit se redéployer par ses pôles (Liège et Namur) et relever le défi de l'emploi des jeunes et des plus de cinquante-cinq ans. Nous sommes confrontés à un défi démographique majeur, et nous devons assurer de bonnes conditions de vie à tous. Le pôle hospitalier de Huy-Waremme a un rôle important à ce niveau. L'enseignement détient aussi une des clés de l'épanouissement, notamment vis-à-vis de l'emploi.
Des opportunités s'offrent également à nous en matière de logement public, à partir du code du logement, avec une loi sur le bail régionalisée, ce qui permettra de réguler les loyers et de développer une politique de logement répondant à la demande toujours plus grande. C'est aussi la clé de l'épanouissement personnel que d'avoir un toit, et un emploi. Notre optimisme ne doit pas être altéré par des statistiques trop sèches et défavorables à certaines communes : nous devons nous dire que nous avons notre sort entre nos mains, pour peu que l'on puisse, au lendemain du 25 mai, faire front ensemble pour développer une politique de gauche.

Clôture du débat

La CCCRH remercie Jean Blairon pour ses conseils dans la préparation du débat, ainsi que pour sa gestion des réactions écrites du public, les candidats pour avoir accepté de se plier aux règles du jour, aux citoyens qui ont posé leur question contextualisée, à Michel Gilsoul (CCAH) pour la régie, et au public pour sa participation active.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires sur la page "Discussion".

--RV (CCAH) Admin WikiHuy (discussion) 17 mai 2014 à 17:39 (CEST)