Papa du coffre Ouffet

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Acte de mariage H.J. Blétard-M.J. Eloy le 2 pluviose an XI (22.01.1803) 1 de 2
Acte de mariage H.J. Blétard-M.J. Eloy le 2 pluviose an XI (22.01.1803) 2 de 2

Préface

En 1795, la France annexe les Pays-Bas Autrichiens et la Principauté de Liège. Napoléon Bonaparte né en 1769, promu général à 23 ans, manifeste très vite sa soif de conquête et donc le besoin d'un effectif important pour pourvoir l'armée.

Ceci n'est pas un conte ou une légende...

Ce sont les authentiques mémoires d'un soldat de l'Empire, Ouffetois qui, rattrapé par la conscription, est entraîné bien malgré lui dans de pénibles et dangereuses aventures.

Jeune marié, Henri Joseph BLETARD quitte son épouse et sa fille âgée de quelques mois pour parcourir une partie de l'Europe, il ne reverra les siens que sept longues et interminables années plus tard.

Sur l'absence de son père, la petite ne sait qu'une chose apprise très jeune, sa maman ouvrait parfois le vieux coffre pour lui montrer un portrait de son père, c'est ainsi qu'est née l'histoire de :



__________________________ "P a p a __ __ d u __ __ c o f f r e" ________________________________


Braquet Ferd.71.jpg


Ferdinand Braquet raconte le parcours militaire de son arrière grand-oncle... laissons lui la parole

Les faits datent de la fin de la République Française, ils m'ont été rapportés par ma grand-mère maternelle, Marie-Antoinette BLETARD, née le 16 juin 1864, une des femmes les plus âgées d'Ouffet et y décédée le ????, son grand oncle Henri Joseph BLETARD est le héros de cette histoire.

En grandissant, ce récit devint pour moi une vraie légende et déclencha chez moi la passion des livres et documents anciens. Tout en fouillant ces vieux papiers en vue d'établir mon arbre généalogique, le nom de Henri Joseph BLETARD apparut.

Preuves à l'appui, cette légende devint donc réalité.

Donc en ce temps là, Henri Joseph BLETARD fut tiré au sort en l'an XIII de la république (23.09.1804 au 15.08.1805 de notre calendrier) avec un certain Pierre FOURNEAU de Warzée.

Voici donc notre jeune conscrit obligé de rejoindre son dépôt probablement dans la ville de Huy.

Là, pour sa première campagne, en uniforme, notre héros se fait tirer le portrait, une connaissance venue s'approvisionner en ville se chargea du délicat message et dès son retour au village, le remit à l'épouse et l'enfant restés seuls.

De campagnes en campagnes, de pays en pays : Austerlitz 1805 ; Iéna 1806 ; Friedland 1807 ; campagnes d'Espagne 1808-1813 ; Eckmühl 1809 ; - Wagram 1809, les mois puis les années s'écoulent sans espoir de retour pour notre ami Henri Joseph.

Son épouse au village est sans nouvelle de lui, sa fille grandit sans son père. Pourtant le portrait était là, bien enfoui dans le coffre des habits du dimanche. De temps en temps, les années d'absence s'écoulant, la mère sortait le portrait du coffre, lentement, comme on exhume un trésor : Regarde bien disait-elle à sa fille, voilà ton papa.

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L'année 1811 est déjà bien entamée alors que Henri est en Espagne, la guérilla espagnole, qui déteste Napoléon, est sans pitié pour les militaires capturés.

A cette époque, vu les années de service, Henri Joseph est devenu ordonnance d'un officier supérieur et n'entend-il pas qu'on parle d'une nouvelle campagne, de nouvelles conquêtes sans espoir de retour au foyer : quel est cet immense, lointain et sauvage pays que l'on nomme Russie et dont Henri Joseph n'a jamais entendu parler ?

Un jour son officier le voyant triste, les yeux rougis, lui demande plein de compréhension la cause de son chagrin et Henri d'expliquer la raison de sa tristesse :

Voilà plus de sept ans que je suis parti de chez moi en laissant ma femme et une petite fille au berceau et l'on parle d'une nouvelle campagne dans un pays inconnu. De ma femme et ma fille, je n'ai nulle nouvelle, sont-elles seulement encore en vie ?

Je comprends dit l'officier mais nous sommes en guerre. Je te conseille surtout de ne faire aucune bêtise car tu sais que les déserteurs sont fusillés sur le champ.

L'officier réfléchit quelques instants et lui propose une solution :

Nous allons remonter vers ton pays pour rassembler l'armée pour cette nouvelle campagne. Porte-toi malade quand nous y arriverons. Lorsque tu seras jugé guéri et que tu recevras l'ordre de rejoindre l'armée, arrange-toi pour faire un détour et enfin faire une visite chez les tiens.

Henri Joseph fut effectivement porté malade sans que je puisse toutefois préciser l'endroit où il se trouvait, la grand-mère n'en parle pas dans son récit.

Un beau jour, deux compagnons d'Ouffet, l'un étant sellier l'autre cordonnier, se rendaient à Huy s'approvisionner en cuir pour leur métier. Marchant de concert, arrivés à l'endroit au lieu-dit "Fond de Rouva", ils voient venir une apparition plutôt étrange en ce lieu : c'est un soldat qu'ils reconnaissent bien sûr à son uniforme. Il porte la tenue des soldats de Napoléon, une barbe qui lui mange tout le visage et lui tombe jusqu'au ventre.

En se croisant : Je te souhaite le bonjour se disent-ils comme le voulait la coutume en ce temps. A peine ont-ils dépassé le soldat de quelques pas, que le premier s'étonne et dit à son compagnon :

Ni ravi's ti nin å grand Henri Blétård ? (Ne ressemble-t-il pas au grand Henri BLETARD ?)

Il y ravi's bindit le deuxième mins avou s'grande båbe ci n'est nin sûr savez (Il lui ressemble bien mais avec sa barbe ce n'est pas certain tu sais).

Nous allons bien voir dit le premier des compagnons, il interpelle donc le soldat qui s'arrête immédiatement :

N'estez v'nin Hinri Blétård, vos (Ne seriez-vous pas Henri BLETARD vous) ?

En effet répond celui-ci : dji so Hinri Blétård (En effet, je suis Henri Joseph BLETARD).

Alors les questions se bousculent : Depuis combien d'années êtes-vous parti ? D'où revenez-vous ? Qu'avez-vous vu pendant toutes ces années ?

Et notre Henri BLETARD, tout ému, de poser des questions sur sa famille : Ma femme, Anne ma fille... se portent elles bien ? Quelles sont les nouvelles à Ouffet ? Mille questions passent par la tête de notre Henri.

Ne t'inquiète pas répondent ses compagnons Tout va bien pour elles et ta fille est déjà une grande fille

L'évènement étant de taille et Henri étant le premier soldat à rentrer en bonne santé au village après autant d'années, les deux artisans décident de faire demi-tour et rentrent au village avec Henri pour fêter cet évènement.

Les voici donc tous trois de retour vers Ouffet. En ce temps là, le village commençait Au Tilleul, début de la Rue Mognée actuellement.

La nouvelle du retour se répand comme une trainée de poudre : le grand Henri BLETARD est revenu ! Plusieurs personnes du Hestrumont courent avertir son épouse, elles voulaient éviter à la pauvre femme de se retrouver seule en face de son époux et lui éviter ainsi de trop fortes émotions. Anne, sa petite fille ne se trouvait pas à la maison, sa mère l'avait envoyé faire quelques commissions et elle devait ensuite garder les vaches à la ferme. Une voisine part à sa recherche et pose partout la même question :

Napoleon.Jena 01.jpg

Vos n'avez ni veyou li p'tite Anne d'amon Blétård ? Si papa est riv'nou (Vous n'avez pas vu la petite Anne de chez BLETARD ? Son papa est revenu) !

Une dame bien renseignée l'avait aperçue avec les vaches au chemin du Tô, la voisine se dirige donc de ce côté et en effet, la trouve occupée avec d'autres gosses de son âge à regarder paître les bovins. La brave femme tout excitée par la bonne nouvelle qu'elle apporte interpelle donc la gamine :

Mi p'tite crapôde rintrez abêye à vos' mohone, rintrez abêye à vos' mohone (Ma petite fille, retournez vite à la maison, retournez vite à la maison)!

N'a t'y ine saqwè d'arrivé à m'ame ? (Est-il arrivé quelque chose à ma maman ? demande la petite fille).

Nenni, nenni, rintrez abêye, vos' papa est rivnou ! (Non, non, retournez vite, votre papa est revenu).

Mi papa ? (Mon papa) ?

Awè, rintrez abêye, tot l'monde vi ratind, voss' papa est rivnou ! (Oui, retournez vite, tout le monde vous attend, votre papa est revenu) !

Mi papa ? Mins qué papa do ? Dji n'a qu'on papa èt il est s't'ê cofe ! (Mon papa ? Mais quel papa donc ? Je n'ai qu'un papa et il est dans le coffre) !


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Je ne sais pas si Henri Joseph Blétard a rejoint son régiment pour faire la campagne de Russie mais à en croire le récit de ma grand-mère et les faits si précis qu'elle me contait, nul doute qu'il y soit retourné.

Elle me racontait ainsi qu'à mes compagnons, enfants de six à sept ans, des exploits terrifiants qui frappaient grandement notre imagination. Comment ne pas croire Henri Joseph, en campagne de Russie, en entendant ma grand-mère raconter le froid horrible qui gelait les cavaliers. Pour se protéger du froid quand les chevaux étaient morts d'épuisement, ils éventraient leurs montures, les vidaient et se glissaient à l'intérieur du corps pour y passer la nuit. Et pourtant tant d'entre eux périrent gelés.

Bivouac la veille de la bataille d'Austerlitz François Lejeune

Entrant dans un village abandonné pour passer la nuit, ils creusaient un trou profond dans le fumier, se serraient les uns contre les autres dans la puanteur mais dans une relative chaleur. Pourtant, le matin, certains ne se réveillaient pas, ils étaient complètement raidis par le froid.

Rendu à la vie civile, Henri Joseph BLETARD rentre définitivement chez lui sain et sauf après tant d'années passées loin des siens dans la misère et l'horreur.

Pendant de longues années, dans les soirées d'hiver devant la cheminée au feu ouvert, les amis et les voisins venaient se régaler du récit des aventures de notre Henri.

Pour étayer ses récits et se mettre en tête les incroyables difficultés et souffrances que pouvait endurer un soldat en campagne, voici quelques faits et anecdotes glanés de bouche-à-oreille ou lus dans les archives. Il faut comprendre aussi que les récits de Henri Joseph prenaient une telle ampleur qu'à cette époque la seule façon de savoir était d'écouter. En effet, le plus grand nombre d'habitants d'Ouffet, à quelques rares exceptions, ne savaient ni lire ni écrire. Les plus grands déplacements, pour une minorité seulement, étaient : la neuvaine de Notre-Dame de la Sarte, la foire Sainte-Catherine à Huy et la grande foire à Liège. Tous ces déplacements se faisaient bien sûr à pieds. Quelle aubaine donc pour tous ces villageois que de se réunir chez Henri. Pour eux n'était-ce pas la seule façon de connaître certains endroits, certaines coutumes ou rites dont ils n'avaient jamais entendu parler. Pour eux, écouter était aussi parfaire un peu leur culture.

Cent ans se sont écoulés, je suis père et grand-père et ce récit avait tellement sollicité mon imagination qu'à l'heure actuelle il est toujours bien vivant dans mon esprit. Je me rappelle particulièrement cette histoire très dure à entendre racontée par ma grand-mère :

Lors de la campagne d'Espagne, un jour dans un village, on trouve les corps mutilés et égorgés de soldats du régiment de Henri. Aussitôt l'ordre est donné de cerner le village et de passer au fil de l'épée tout ce qui se trouve de vivant, hommes, femmes, enfants ainsi que les animaux. La fouille de toutes les maisons commence et effectivement tout ce qui est vivant est égorgé. Aucune pitié pour aucun être. Notre Henri se trouve au seuil d'une maison qu'il va investir comme beaucoup d'autres avant. Il entre dans la demeure et trouve un enfant couché dans son berceau d'osier, il lève son sabre quand, le soleil jouant sur la vitre, fait miroiter l'éclat du métal et fait sourire le bébé. Henri n'a pas perdu toute humanité, devant ce sourire, son cœur de père fond et il ne peut se résoudre à supprimer ce petit être. De peur toutefois que d'autres soldats ne le trouve, il retourne le berceau d'osier avec bien entendu le bébé en dessous. Nul ne peut dire, bien sûr, ce qu'il est advenu de cet enfant.

A cet endroit du récit, ma grand-mère véritable conteuse publique, la gorge nouée, essuit d'un revers de la main les larmes qui lui coulaient des yeux et épiloguait par ces mots : << Di totes manîres, pôve pitit y sèrêt sûremint mwèrt sofoké >> de toutes façons, pauvre petit, il sera sûrement mort étouffé.

Ces récits plus terribles les uns que les autres firent dire au curé de l'époque, l'abbé Jean-Pierre Henneken :

« Blétard, quand tu vivrais encore la vie d'un corbeau et que tu ferais pénitence tous les jours qui te restent à vivre, tu n'aurais pas encore ton pardon ». Il parlait du grand corbeau disparu maintenant de nos contrées et qui, prétendait-on, pouvait vivre cent ans.


Ferdinand nous parle de ses recherches

Blétard-Eloy & Beaufays.JPG

Il y a quelques années, j'entrepris des recherches sur notre héros villageois. Après de multiples fouilles dans les archives communales d'Ouffet, les registres paroissiaux de l'église Saint-Médard, les archives de l'état à Huy, au Mémorial de l'Ourthe à Comblain au Pont, je vous livre ici le résultat de mes recherches :

  • Ce 18 du mois de novembre 1783, a été baptisé Henri Joseph BLETARD fils légitime de André Antoine BLETARD et de Anne Joseph WILLEM. Ces derniers s'étaient marié à Ouffet (abbé SPITS curé d'Ouffet).
  • Le deuxième jour du mois de pluviôse an XI de la République Française, un samedi, date qui correspond au 22 janvier 1803 de notre calendrier, acte de mariage de Henri Joseph BLETARD, tisserand, âgé de vingt ans, né à Ouffet département de l'Ourthe le 13 novembre 1783 fils de André Antoine BLETARD et de Anne Joseph WILLEM, et de Marie Joseph ELOY, son épouse âgée de 24 ans née à Ouffet le 28 avril 1778, fille de Nicolas ELOY et Marie Agnès MOTTET. Mariés devant Louis RASQUIN premier maire de l'état civil d'Ouffet.
  • Le dix neuvième jour du mois de germinal an XI de la République Française, un samedi, date qui correspond au 9 avril 1803 de notre calendrier, naissance de Anne Joseph BLETARD à cinq heures du matin, fille de Henri Joseph BLETARD, tisserand et de Marie Joseph ELOY son épouse. Constaté suivant la loi par moi Louis RASQUIN, maire de la commune d'Ouffet.
  • 1804, conscrits de la réserve an XIII (1804) : Pour Ouffet Henri Joseph BLETARD, pour Warzée, Pierre Joseph FOURNEAU
  • 1812, campagne de Russie.
  • 1831, le 15 avril, lutte pour l'indépendance de la Belgique. Quatrième compagnie du deuxième bataillon de la garde civique cantonale de Nandrin, commune d'Ouffet :

Henri Joseph BLETARD, lieutenant ; Charles PICARD et Joseph MAGIS, sous-lieutenant ; Pierre Joseph MABILLE, sergent-major ; Hubert Joseph DANTHINE, fourrier ; Pierre Joseph RAES, Gaspard François LODEZ ; Antoine Joseph MOTTET ; Toussaint DETAILLE, tous sergents ; Henri Joseph LAHAYE, Henri Joseph MARECHAL, Jean Joseph XHENCEVAL, Hubert Joseph LIZIN, caporaux ; Alexandre DERICHE, Frédéric Guillaume MALAISE, tambours.

Blétard X Willem descendance.jpg
  • 1847, le 5 février, décès à l'âge de 69 ans de Marie Joseph ELOY épouse de Henri Joseph BLETARD.
  • 1850, le 15 janvier, Henri Joseph se marie une seconde fois à 11 heures du matin. Par devant nous Michel REGINSTER bourgmestre, officier public de la commune d'Ouffet, sont comparus Henri Joseph BLETARD âgé de 67 ans, né le 13 novembre 1783 et Joseph Marie BEAUFAYS, ménagère, âgée de 33 ans, domiciliée à Ouffet, née le 15 août 1816.

De cette union, naîtra deux filles : Marie Joseph, 14 août 1850 et Marie Honorine, 20 janvier 1858.

  • Le 14 février 1863, Henri Joseph rédige son testament chez Maître CRESPIN, notaire à Anthisnes.
  • Le 14 janvier 1865, Henri Joseph s'éteint dans sa 82ème année.

Il faut avouer que cet aïeul eut une vie bien remplie, il connut tous les grands évènements de l'époque : il est né sous l'ancien régime, connu la domination autrichienne et la révolution française, militaire pendant plusieurs années sous l'empire de Napoléon 1er, connu la domination hollandaise, reprend du service pour la Belgique indépendante, marie sa fille, nul doute que cet homme ne prit guère de repos.

Pour terminer, quelques renseignements concernant le lieu-dit Hestrumont toujours présent d'ailleurs à notre époque dans le village d'Ouffet. Les parents de notre Henri étaient propriétaires de la maison rue Mognée actuellement N° 15. A son retour au village, sa femme et sa fille résidait dans la petite maison attenant au N° 8 de la rue Hestrumont. A son décès, il était propriétaire des maisons 2 et 4 de la rue Hestrumont.

Quant à son surnom de grand Henri, il devait mesurer environ 1m70. Dans les relevés des conscrits de cette époque, on note que le plus petit a une taille de 1m59 et le plus grand une taille de 1m72. Généralement les hommes de cette époque étaient plus proches d'1m60, la génération actuelle a donc bien grandi.

Revenons sur notre petite Anne, elle se marie le 14 septembre 1822 à Ouffet avec un cousin éloigné : Jean François BLETARD né à Ouffet le 9 septembre 1796, fils de François Joseph BLETARD et de Marie Anne DUPAS.

Comme dans tous les contes et histoires, ils eurent beaucoup d'enfants, exactement huit (10 suivant recherches des PdMO) et de nombreux descendants. La dernière descendante directe connue était Claudette BLETARD, elle habitait avenue de Vagney à Ouffet et est maintenant décédée.


Le texte ci-dessus est la retranscription intégrale d'un enregistrement sur micro-cassette effectué en date de 8 mai 1992 par Ferdinand Braquet.


Addenda

Youtube Bataille de Friedland

Youtube Bataille de Iena


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