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Sur un site d'OLEYE, offert par son oncle le chevalier Robert de Jeneffe, dit d'Oleye, le chevalier Arno(u)ld de Corswarem, fonda, dans la première moitié du XIIIe siècle, une abbaye cistercienne. Comme c'était Marguerite de Jeneffe, mère d'Arnold et soeur de Robert, qui en avait été la "procuratrice", ce fut à elle que revint le titre de "fondatrice". C'est dans son testament d'avril 1239, qu' Arnould disposa ''de tous ses biens en faveur d'un monastère de moniales cisterciennes à fonder sur le territoire du diocèse de Liége, à l'exception, toutefois, de quelques propriétés qui sont léguées par le testateur à sa mère Marguerite...''
 
Sur un site d'OLEYE, offert par son oncle le chevalier Robert de Jeneffe, dit d'Oleye, le chevalier Arno(u)ld de Corswarem, fonda, dans la première moitié du XIIIe siècle, une abbaye cistercienne. Comme c'était Marguerite de Jeneffe, mère d'Arnold et soeur de Robert, qui en avait été la "procuratrice", ce fut à elle que revint le titre de "fondatrice". C'est dans son testament d'avril 1239, qu' Arnould disposa ''de tous ses biens en faveur d'un monastère de moniales cisterciennes à fonder sur le territoire du diocèse de Liége, à l'exception, toutefois, de quelques propriétés qui sont léguées par le testateur à sa mère Marguerite...''
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Les bâtiments actuels, de style "renaissance mosane", datent de la fin du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle. On y a utilisé des matériaux et des techniques traditionnels (briques, calcaire mosan, ardoises).  En 1797, l'abbaye, comme la plupart de ses soeurs, fut donc réquisitionnée comme bien national et mise en vente. De nombreuses dégradations aux bâtiments furent signalés de suite après la vente. Le cloître et la cour d’honneur furent démontés afin d’en récupérer les matériaux. L’église fut transformée en grange, l’aile de l’abbesse en distillerie puis en étable et le quartier des hôtes  laissé à l’abandon. Le moulin et la brasserie continueront de fonctionner, mais cette dernière sera démolie en 1878.
  
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En 1950, le moulin cessa de fonctionner et la famille Labeye acheta l'ensemble de cette grande exploitation agricole, qui fut classé comme monument et comme site le 4 octobre 1974.
  
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                                  Il fallut attendre les années 1992-1993 pour que des mesures conservatoires soient prises par la Région Wallonne.
  
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En 1995 les propriétaires consentirent à l'Institut du Patrimoine Wallon un bail emphytéotique sur les bâtiment abbatiaux la Chapelle, le Colombier, le moulin et les jardins. Ils ne conservèrent comme demeure privée  que l''''Infirmerie,''' bâtiment le plus éloigné de l’ensemble et isolé au sud-est de l’église. ''Construite entre 1718 et 1725 sous l’abbatiat de Lambertine de Wansoulle, cette belle bâtisse arbore elle aussi les matériaux traditionnellement utilisés pour les bâtiments de l’abbaye (grès, calcaire et brique). Sur la façade principale, décorée d’un petit fronton, se trouve le blason de Robertine de Lavaux, abbesse de la Paix-Dieu de 1694 à 1718, sous l’abbatiat de laquelle furent entrepris les travaux de construction de l’infirmerie. On trouve également, sur une pierre datée de 1668, le blason de Philippine de Verlaine, abbesse entre 1663 et 1678.''
  
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Depuis 1997, les bâtiments, y compris une toiture d'ardoises d'une surface de 1000 m2, furent progressivement restaurés et réaffectés afin d’y installer le « Centre de perfectionnement aux métiers du patrimoine », géré par l’Institut du Patrimoine wallon. Le 23 mai 2018, on put mettre en place un tout nouveau clocher sur l'église abbatiale pour remplacer celui de 1719.
  
  
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Version du 2 mars 2023 à 17:21


Le portail d'entrée de l'abbaye de la Paix-Dieu à Jehay-Bodegnée (Amay)

Origines

Sur un site d'OLEYE, offert par son oncle le chevalier Robert de Jeneffe, dit d'Oleye, le chevalier Arno(u)ld de Corswarem, fonda, dans la première moitié du XIIIe siècle, une abbaye cistercienne. Comme c'était Marguerite de Jeneffe, mère d'Arnold et soeur de Robert, qui en avait été la "procuratrice", ce fut à elle que revint le titre de "fondatrice". C'est dans son testament d'avril 1239, qu' Arnould disposa de tous ses biens en faveur d'un monastère de moniales cisterciennes à fonder sur le territoire du diocèse de Liége, à l'exception, toutefois, de quelques propriétés qui sont léguées par le testateur à sa mère Marguerite...

En septembre 1241, l'abbé de Clairvaux, "Père" du lieu, délégua ses pouvoirs à l'abbé d'Aulne qui fut rejoint par celui de Villers pour exécuter l'inspection du nouveau couvent et le constituer en abbaye.

En juillet 1242, l'évêque Robert prit sous sa protection l'abbaye de la Paix-Dieu et lui confirma la possession de tous ses biens, en particulier le terrain sur lequel le monastère était établi, un alleu de cent bonniers de terre arable à Niel, avec le moulin, la brasserie, les cens et chapons de ce domaine, et quatorze bonniers du bois de Boscaille.

Deux ans plus tard, les religieuses acquirent au lieu-dit Grognart à BODEGNEE (Amay) un bien beaucoup plus propice à leur vie religieuse et économique et demandèrent à l'évêque  de Liège, Robert, 
l'autorisation d'y transférer la Paix-Dieu.

En juin 1246, ce fut au tour du pape Innocent IV de prendre le couvent sous sa protection, de lui confirmer la possession de tous ses biens et de l'autoriser à recevoir des convers, en lui donnant un statut conforme à la règle bénédictine et aux coutumes cisterciennes.

La permission fut accordée le 10 juillet 1244 et elles purent s'y installer dès septembre 1246.

La première abbesse, Aelide, ainsi que les premières religieuses, venaient de l'abbaye du Val-Benoît. D'autres cisterciennes, principalement de Hesbaye et de Huy, vinrent très vite les rejoindre. (On cite pour les deux premiers siècles de son existence, une quarantaine de moniales participant à l'économie de l'établissement, mais il y en eut probablement plusieurs autres, un peu moins actives, qui ne figurèrent pas dans les chartes). La communauté comportait également, comme dans toute abbaye cistercienne, outre ces moniales, des membres des quatre autres catégories, à savoir, des converses, des convers, des familiares et deux moines (un chapelain et un confesseur).

Le nombre de religieuses s'accrut très vite, venant aussi du Condroz, où l'abbaye obtint quelques biens au fil des années.

Affiche murale montrant des armoiries d'abbesses de l'Abbaye de la Paix-Dieu à Amay
Une pierre tombale conservée à l'abbaye de la Paix-Dieu à Amay















Description

D'origine, une structure imposée en quadrilatère, avec une haute clôture obligatoire pour tenir les religieuses "enfermées et à l'abri", un portail le plus "monumental" possible. Une bâtisse principale, le domus. Une ferme en charpentes et colombages. Une église en maçonnerie à nef unique rectangulaire (28m30 x 9m60, la norme étant 30m x 10m). Murs en moellons de pierres à peine retaillées, sans bas-côtés au début ( ce sont des adjonctions tardives du XVIIe siècle en même temps qu'une adaptation des bâtiments à la mode et l'introduction progressive d'un luxe plus seigneurial dans les décors, le mobilier, les portes et fenêtres).

Dessin de la Paix-Dieu à Amay par Remacle Leloup in Délices du Pays de Liége (1738-1744)
Etat actuel de l'église de la Paix-Dieu à Amay en réfection en 2011














Patrimoine

Vue du moulin à eau à l'Abbaye de la Paix-Dieu à Amay


Comme nous l' avons vu, ce fut la donation initiale faite par la famille de Corswarem-de Jeneffe qui constitua la noyau principal du domaine à Oleye. Il composa, avec ses 240 bonniers, la moitié de la superficie future des bien de l'abbaye.

Dans la bulle de juin 1246 du pape innocent IV, il était fait état de biens à Bodegnée, à Gingelom, à Berlingen, à Outersloven, à Horne, à Gotem, à Gembloux et à Hognoul. Mais les possessions allaient encore augmenter assez rapidement: on notait, lors d'un mesurage en 1256, une somme de terres de 520 bonniers et, en 1355, presque 555 bonniers, étendue maximum atteinte dans l'histoire de la Paix-Dieu.

Des donations en terres furent faites par la chevalerie hesbignonne et par les parents de filles entrées dans la communauté. Des legs et héritages de ces mêmes donateurs. Mais il y eut aussi des achats effectués par la communauté au fur et a mesure des rentrées de numéraire provenant des ventes, bien que, comparée à ses soeurs locales, la Paix-Dieu ait toujours été une abbaye de petite ou moyenne grandeur, avec un budget assez limité. Les religieuses se permirent aussi une ou deux prises en accense. Aucun échange n'eut lieu our regrouper un peu les possessions. Les ventes étaient, en principe, interdites, étant donné que le domaine était la propriété du "glorieux patron de l'abbaye", mais en raison des dommages provoqués par les guerres et des crises climatiques, les moniales durent se résoudre à vendre certains biens en 1484, 1486 , 1491 et 1492, car le XVe siècle fut vraiment un siècle de malheurs pour le pays. Il y eut également des litiges avec certains donateurs qui voulaient se rétracter, comme Guillaume de Corswarem , au début de la vie de l'abbaye. celle-ci fut forcée de lui céder une bonne partie du beau domaine de Niel.

En résumé, tous les biens se situaient en Hesbaye, répartis dans une septantaine de communes et lieux-dits.

L'étendue des bois possédés par la Paix-Dieu s'élevait à peine à un vingtième de la surface. Pas assez pour couvrir les besoins en chauffage, en cuisine, en fabrication d'outils et instruments!

Treize bonniers de prés autour de l'abbaye suffisaient à peine à nourrir les animaux, tant en herbe fraîche qu'en foin.

Aucun vignoble ne semble avoir appartenu à la Paix-Dieu. Le 21 août 1335, Gertrude de Corswarem transporte au frère convers Godefroid de la Paix Dieu, pour faire pitanche â covent, une aime de vin gagée sur une vigne à Ampsin et reçue d'Henri de Solières.Le 4 décembre 1425, Marguerite Delle Tour, nonne à la Paix-Dieu, relève de Jean Badin de Latinne, une vigne de quare verges grandes provenant de Martin Gonsseaul d'Amay.

Quant aux maisons et aux refuges, on peut citer une maison à Huy, déjà avant 1291, une autre à Liège en 1332. L'abbaye reçut plusieurs maisons léguées, qu'elle accensa aussitôt. Le refuge à Huy était situé rue du Vieux-Pont, nos cisterciennes le gardèrent jusqu'eu XVIIIe siècle.

Il y eut plusieurs moulins, dont celui de Niel, du temps de la fondation à Oleye, mais qui dut être restitué aux enfants de Guillaume de Corswarem après une vingtaine d'années de service. Un autre moulin à eau était dans les biens du domaine depuis 1244 où deux prés sur le ruisseau de Bende avaient été acquis. Un troisième moulin fut acheté en 1253 à Jean des Awirs, près de la "demeure" à Bodegnée. La Paix-Dieu possédait aussi une rente en mouture sur le moulin alle cloie (à craie) près de l'hôpital Mottet à Huy.

Deux grosses fermes, l'une à Oleye et l'autre à Bodegnée (respectivement 76 et 86 bonniers en 1797). En outre, une série de petites exploitations agricoles de moins de 12 bonniers louées moyennant un cens en épeautre.

Au point de vue pêcheries, les moniales, dont l'alimentation d'abstinence était en grande partie faite de poissons, ne possédaient qu'une court avec maison et trois viviers en le Vaulz à Villers-le-Bouillet.

Une autre partie du patrimoine d'une abbaye était constituée par des dîmes, amis pas les cisterciennes, du moins à l'origine. A partir de 1230, elles furent acceptées et notre abbaye pu profiter de celle que lui légua un certain Arnould d'Oreye en 1254.

Le patrimoine profita des cens accordés par Arnold de Corswarem, par Marguerite de Jeneffe et par d'autres personnes d'Oleye et de Crisnée.

On ajoutera aussi différentes rentes aux XIIe et XIVe siècles comme celles de Baudouin de Braives en 1285, d'Ameil de Warnant en 1349 et d'Ameil de Mouhin en 1350.

En conclusion, la Paix-Dieu, étant née au XIIIe siècle, c'est-à-dire un peu tard en comparaison avec les autres grandes abbayes du Pays de Liège, n'avait pas pu profiter de la générosité que ces dernières avaient connue, mais elle avait travaillé pour survivre. Elle ne connut quelques difficultés financières qu'à la fin du XVe siècle, ce siècle des malheurs, qu'elle avait pu traverser la tête haute!

                                      Lors de sa vente en 1797 sous la "botte" révolutionnaire, elle fut considérée comme un bien d'assez bonne valeur


Aujourd'hui

Les bâtiments actuels, de style "renaissance mosane", datent de la fin du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle. On y a utilisé des matériaux et des techniques traditionnels (briques, calcaire mosan, ardoises). En 1797, l'abbaye, comme la plupart de ses soeurs, fut donc réquisitionnée comme bien national et mise en vente. De nombreuses dégradations aux bâtiments furent signalés de suite après la vente. Le cloître et la cour d’honneur furent démontés afin d’en récupérer les matériaux. L’église fut transformée en grange, l’aile de l’abbesse en distillerie puis en étable et le quartier des hôtes laissé à l’abandon. Le moulin et la brasserie continueront de fonctionner, mais cette dernière sera démolie en 1878.

En 1950, le moulin cessa de fonctionner et la famille Labeye acheta l'ensemble de cette grande exploitation agricole, qui fut classé comme monument et comme site le 4 octobre 1974.

                                 Il fallut attendre les années 1992-1993 pour que des mesures conservatoires soient prises par la Région Wallonne.

En 1995 les propriétaires consentirent à l'Institut du Patrimoine Wallon un bail emphytéotique sur les bâtiment abbatiaux la Chapelle, le Colombier, le moulin et les jardins. Ils ne conservèrent comme demeure privée que l'Infirmerie, bâtiment le plus éloigné de l’ensemble et isolé au sud-est de l’église. Construite entre 1718 et 1725 sous l’abbatiat de Lambertine de Wansoulle, cette belle bâtisse arbore elle aussi les matériaux traditionnellement utilisés pour les bâtiments de l’abbaye (grès, calcaire et brique). Sur la façade principale, décorée d’un petit fronton, se trouve le blason de Robertine de Lavaux, abbesse de la Paix-Dieu de 1694 à 1718, sous l’abbatiat de laquelle furent entrepris les travaux de construction de l’infirmerie. On trouve également, sur une pierre datée de 1668, le blason de Philippine de Verlaine, abbesse entre 1663 et 1678.

Depuis 1997, les bâtiments, y compris une toiture d'ardoises d'une surface de 1000 m2, furent progressivement restaurés et réaffectés afin d’y installer le « Centre de perfectionnement aux métiers du patrimoine », géré par l’Institut du Patrimoine wallon. Le 23 mai 2018, on put mettre en place un tout nouveau clocher sur l'église abbatiale pour remplacer celui de 1719.


Reconstitution de la charpente du clocher de l'église abbatiale de la Paix-Dieu à Amay en 2011
Rénovation de la charpente de l'Abbaye de la Paix-Dieu à Amay



















Sources

Jean-François Angenot: Etude sur la formation et l'évolution d'une abbaye cistercienne féminine en Hesbaye (XIIIe-XVe s.) in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts-tome 34/1980.

Georges Hansotte: Inventaire analytique des chartes de l'abbaye de la Paix-Dieu à Jehay-Bodegnée-1238/1496.

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