Li Pontia : Différence entre versions
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Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts: | Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts: | ||
− | Volume VIII: | + | Volume VIII: Emile Wigny ''Notice Historique sur le Pont de la Meuse à Huy''/1889 |
Volume XII: E.Marotte ''Les Travaux d'Amélioration du Pont de Huy''/1899 | Volume XII: E.Marotte ''Les Travaux d'Amélioration du Pont de Huy''/1899 |
Version actuelle en date du 15 février 2023 à 22:59
Sommaire
Histoire, du début jusqu'à la révolution française
Au début de son histoire, à la période romaine, la ville de Huy, bâtie sur les deux rives de la Meuse, n'offrait qu'un passage d'eau en barque ou un gué, car un pont existait entre Ombret et Amay pour recevoir la chaussée romaine qui conduisait de Tongres à Arlon. Un pont hutois ne fut signalé qu'en 1066, sur la charte des Libertés, il était fait d'un tablier de bois sur des piles en pierre et permettait le passage depuis le refuge du Val-Saint-Lambert (Batta) jusqu'à la rive droite. Il était propriété du Prince-Evêque de Liège et un droit de péage lui était assigné. Il se situait à 100 mètres en amont de l'emplacement actuel, qui fut choisi en 1294. Le Pontia original fut détruit par les soldats du comte Godefroid de Namur en 1119, son tablier de bois ayant été coupé à la hache pour empêcher les troupes du duc de Brabant d'arriver au secours d'Alexandre de Juliers, prétendant au trône épiscopal de Liège et retiré à Huy. On répara vite ce pont, en attendant le nouveau Pontia du XIIIe siècle en maçonnerie, dont la première pierre fut posée le 30 juin 1294 par le prince-évêque Hugues de Châlons. Son achèvement eut lieu en 1303.
C'était en réalité une rue, avec des habitations et des édifices civils comme il sera décrit ci-après.
En juillet 1693, le commandant de la place de Huy fera sauter plusieurs arches du Pontia pour empêcher le passage des troupes françaises. Après leur départ, il le fera reconstruire en bois. Le 15 août 1703, il sera à nouveau coupé, mais par les Français cette fois, qui occupent la ville et veulent arrêter l'armée alliée. Le 1er novembre suivant, il fut encore restauré en bois par manque de finances. Entre juin 1713 et la fin de 1714, il subira de nombreuses réparations, maison conservera l'arcade centrale en bois. En 1779, on fit les frais d'installer un réverbère à deux becs à côté de la croix du pont. Entre 1789 et 1794, plusieurs dégradations dues aux hivers rudes, mais aussi causées par les Autrichiens et par les Français. Et en 1808, l'arcade en bois sera enfin remplacée par de la pierre de taille. A la fin du XIXe siècle, en 1884, Huy vit naître un beau projet de faire complètement reconstruire le Pontia, mais il s'avéra beaucoup trop onéreux et on...l'abandonna!
Description
Les habitations
Elles y furent autorisées jusqu'en 1676, année de la première destruction par mine de 2 arches et de 2 piles du pont par les Français. En 1676, on passait la Meuse sur un pont de bateaux établi provisoirement. On le reconstruisit très vite en 1680, mais un arrêté du Prince-Evêque en 1686 devait y interdire toute construction. On retrouve encore aujourd'hui le texte de cet arrêté sur la pierre sous le monument des 5 bourgeois à l'entrée du pont, rive gauche. Egalement en 1680 fut créée une "Société du Pont" composée des 2 bourgmestres, du général des Croisiers, de l'abbé de Neufmoustier, de 3 chanoines de la Collégiale,...
La prison
Construite en 1343, du côté de la rive droite, elle appartient à la Ville.
La maison scabinale ou logette
Les séances se tenaient à l'étage d'une des maisons et, ce, de la fin du XVIe siècle et même, pour certains auteurs, dès la seconde moitié du XVe siècle.
Le corps de garde
Signalé à partir de 1698, c'était l'abri du receveur du péage, sur et sous le pont; Les Français le firent sauter en 1703 avec 2 arches du pont et il fut reconstruit en 1714.
La croix du pont ou le crucifix
Probablement érigée à la fin du XIIIe siècle, elle était positionnée sur la 3ème pile à partir de la rive droite. On la remplaça en 1602, vu sa vétusté et elle fut,dès lors, enchâssée dans un piédestal. Le tout tomba en Meuse en 1655-(retrouvé en 1999 lors de travaux fluviaux)- et fut réédifié en 1658. A nouveau jeté au fleuve en 1676 par les Français- (et retiré des eaux lors de la construction du pont Baudouin dans les années 1950)-,la croix fut reconstruite plus sommairement en 1686, pour être encore détruite en 1703 par les belligérants. Mais son piédestal fut conservé et il reçut, en 1732, un nouveau crucifix de 4M50 de haut, son Christ fut d'abord en cuivre poli puis doré d'or fin. L'ensemble sera définitivement détruit par les révolutionnaires anti-religieux en 1789.
La statue
Si l'on en croit un dessin réalisé lors du procès de deux bateliers en 1750 et un recès de la "Société du Pont" du 17 mai 1768 ainsi qu'une affirmation émise par le professeur A.Lemeunier, elle représentait Jean de Népomucène. On peut la voir également sur un excellent dessin bien détaillé de Jan De Beyer du XVIIIe siècle. De toute manière, elle n'aurait figuré sur le Pontia qu'entre +/- 1738 et 1789.
La potence
De très courte durée, entre le 20 décembre 1674 et...1676!
Les guerres mondiales
Mutilé, à de nombreuses reprises, le vieux Pontia devait, de nouveau, être victime de la guerre. Dans la nuit du 14 au 15 août 1914, à 11 heures et demie, les troupes belges, avant de se replier vers Namur, firent sauter l'arche du milieu, celle qui avait eu le même sort en 1793, après la bataille de Neerwinden ;une énorme charge de tonite eut raison des massives pierres du vieux pont; des pavés et débris de la voûte furent projetés avec une violence inouïe et retombant sur nombre de bâtiments, trouèrent des toitures, défoncèrent des vitrines, etc. Une pierre vint écorner la corniche d'une maison, rue Entre-deux-Portes; un pavé arriva jusque près de l'église de St-Quirin; d'autres tombèrent près du pont des Gattes.
Les explosifs avaient été déposés dans deux chambres de mines créées à la hâte; heureusement qu'une seule charge déflagra, sans quoi, la plupart des maisons des environs sautaient avec le pont. On peut se faire une idée du désarroi régnant dans l'armée belge par ce fait que le génie(?) ignorait l'existence des chambres de mine établies quelques années auparavant dans le trottoir d'amont du pont et remplies de sable et qu'il en fit creuser d'autres, non sans difficultés, le 14 août !
Avant d'être détruit en partie, le pont fut le témoin muet, heureusement car quelles réflexions il aurait faites, de la fausse alerte qui, dans la nuit du 5 au 6 août, fut cause que le détachement belge, posté sur la rive gauche du fleuve tira toute la nuit, avec fusils et mitrailleuses, dans la direction du quai Dautrebande et de la rue du Pont. Cette lutte contre un ennemi imaginaire — il n'y avait pas un seul Allemand en ville, dura jusqu'à l'aube. La batterie d'artillerie établie sur le mont Fallu se mit de la partie et envoya des projectiles vers Gabelle et les Papeteries Godin.
Les habitants, terrifiés, croyant qu'un combat se livrait sur les rives de la Meuse, passèrent la nuit dans leurs caves. On peut admettre la méprise du début, mais tirer pendant plus de six heures consécutives, vers un ennemi qui ne riposte pas, et pour cause, cela dépasse les bornes. Il est vrai que l'officier qui commandait le détachement défendant le passage du pont voyait... double et même triple !
Les Allemands rétablirent rapidement le passage, qui devint possible dès le lendemain. Ils réclamèrent à la ville trois cents francs(!) moyennant quoi ils admirent le public à se servir du pont La réparation du Pontia a été exécutée en 1920-1921.
On a eu soin d'installer dans la voûte reconstruite plusieurs gaines en fonte destinées à contenir les explosifs devant, lors de la future guerre, renouveler pour la sixième fois, la destruction de l'arche du milieu Tout n'est que recommencement.[1]
Aujourd'huy
Un tout nouveau pont a vu le jour pour remplacer le Pontia: il a été inauguré le 9 juin 1956 par le Roi Baudouin et il portera son nom.
Galerie
Référence
- ↑ Les Rues de Huy par René Dubois, Editions Culture et Civilisation, 1975, page 20-21 dans les compléments
Autres sources consultées
Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts:
Volume VIII: Emile Wigny Notice Historique sur le Pont de la Meuse à Huy/1889
Volume XII: E.Marotte Les Travaux d'Amélioration du Pont de Huy/1899
Volume LVI: H.Prévôt Les constructions sur le Grand Pont de Huy/2002-2003