LES CLOCHES DE HUY

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Le campanile de l'Hôtel de Ville de Huy, avec son carillon

PREAMBULE

Extrait du site Maisondusouvenir.be:

Pour tout Belge croyant ou non-croyant, la cloche fait partie intégrante de son existence, qu'il le veuille ou non.

Une cloche sonne et instinctivement il regarde sa montre. Quelle heure sonne cette cloche, dit-il ?

Elle sonne le glas et il comprend de suite qu'il y a un décès dans la paroisse. Où y a-t-il un incendie, se dit-il, quand sonne le tocsin ?

Dans n'importe quelle ville du monde, c'est la cloche qui invite les petits à se mettre en rang devant la porte de leur classe.

Dans tous les couvents du monde, les religieux se lèvent au son de la cloche, prient à l'appel de la cloche ou se rendent au réfectoire dès que la cloche les y convie.

Dans les rues de certains pays, la cloche des voitures des pompiers ou des ambulances incite les passants à s'écarter pour faciliter leur passage.

C'est encore à l'appel de la cloche que les croyants se rendent à l'église pour l'office.

La cloche, involontairement, rythme notre vie à tous, sur la terre entière.

Harry SCHUERMANS


LES FONDEURS HUTOIS ET LEURS CLOCHES

Au début du XIIe siècle, HUY avait son maître-fondeur, en la personne de RENIER de HUY et un orfèvre incomparable en celle de GODEFROID dit de CLAIRE (=L'ILLUSTRE)! Mais les ateliers de fonderie de fer et de cuivre y florissaient dès le Xe siècle.

HUY, la ville aux 40 clochers pour 7 ou 8 mille habitants possédait au moins une centaine de cloches, sans compter la soixantaine présente dans ses 2 carillons.

HUY a pu compter sur des "clockiers" étrangers à la renommée universelle comme Hémony, d'Amsterdam ou Van den Ghein, de Louvain ou encore Grongnard, de Dinant, mais aussi sur des fondeurs nés ou établis à HUY.

-Le plus ancien connu: Jean BODRI, bourgeois de la Ville en 1612, qui fabriqua une des plus grosses cloches de la Collégiale en 1601, SANCTA MARIA qu'il destina d'abord à l'église Saint-Mort. Puis, il fit 2 cloches pour St-Pierre en 1607, SAINT PAUL et SAINT DOMITIEN, qui furent enlevées à la révolution. Mais ce fut lui qui fut chargé, en 1612, de refondre les 2 cloches du BEFFROI ( la petite CLOCHE-PORTE ou ST-MENGOLD, ROCH et SEVERIN de 1344 et la grosse, la MARIE HIDEUSE de 1406, tout en concédant à la Ville une garantie de 3 ans sur ce travail). On changea le nom de la plus volumineuse en MARIE-DOMITIANE.

- un autre fondeur est cité en 1612: Servais de FRANCHIMONT connu également à Lille en Flandre française.

- un troisième "clockier ou cloqueman" se rencontre pour la première fois en 1600: Claude PLUMERET, qui, en 1663, refondit la grosse cloche de la Collégiale , nommée JEAN WYNNE , car donnée avant 1560 par un chanoine de Wynne. Il fabriqua aussi le carillon de 20 cloches pour la tour principale, disparu avant la révolution. Il y avait incorporé une petite cloche LI TRAWEE et une autre BARTHOLOME.

                                On peut voir dans les archives de LEFFE près de Dinant, un contrat fait avec CLAUDE PLUMERE, fondeur de cloches à HUY.


- un autre fondeur de cloches Jean PLUMIER ( probablement PLUMERET) répara en 1688 la grosse cloche de l'église des Frères-Mineurs, brisée par l'imprudence d'un nommé Charles TRIGALLET, de Dinant.

- deux associés Joseph PLUMERET (PLUMIER) et Jean MORLET refondirent entre 1694 et 1722 la MENGOLD, actuellement dans la Collégiale, mais originellement à l'église St-Mengold. Elle échappa à la saisie de 1798 et fut refondue en 1903. Ils furent chargés en 1709 de refondre LA PRUNE, cinquième cloche de la Collégiale, datant de 1405, que l'on rebaptisa JOSEPH-CLEMENT (du nom du prince-évêque Joseph-Clément de Bavière).

- cette association fut suivie en 1725 par J.THOMAS DAWIR, fondeur de cloches puis bourgmestre en 1739. En 1724, il brisa, démonta, transporta et remplaça la MARIE-DOMTIANE, grosse cloche de la Ville, ex-MARIE-HIDEUSE. Il en fut payé en...1730. Il travailla aussi à Latinne, à Liège, mais aussi à... Thiécourt dans l'Oise pour y placer une cloche provenant du Val-Notre-Dame d'Antheit.


ANECDOTES et AUTRES NOMS DE CLOCHES HUTOISES

En 1322, les Hutois, en froid avec le Comte de Namur, allèrent s'emparer des cloches du château-fort de Wasseiges. Ils baptisèrent la plus grosse WASEDGE et la firent installer dans le clocher de l'église SAINT-MENGOLD.

En 1344, on plaça une des deux cloches du beffroi à l'HÔTEL de VILLE: elle était marquée Sts-MENGOLD, ROCH et SEVERIN. On dut la réparer en 1612 et encore en 1757, où elle s'était brisée pendant qu'on l'actionnait pour la procession du 16 août.

En 1484, une des cloches du CARILLON DE LA COLLEGIALE reçut le nom de DOMITIEN.

En 1607, ce fut au tour d'une des cloches de l' église ST-PIERRE en OUTREMEUSE d'être marquée DOMITIEN.

En 1766, l'ancien carillon de l'Hôtel de Ville de 22 cloches fut reconditionné en le dotant de 37 cloches actionnées par l'horloge municipale rachetée à la cathédrale Saint-Lambert de Liège.

          L'Hôtel de la Cloche fut  nommé ainsi  à cause de sa cloche qui annonçait l'arrivée à quai des barques avec voyageurs et marchandises venant de Liège et de Namur.


LES CLOCHES DES COUVENTS LAISSEES AUX MAINS DES REVOLUTIONNAIRES EN 1796/1797

Voir la page WikiHuy "Huy en l'an 5 de la république"

-Couvent des Croisiers: 9 cloches et 1 carillon

-Couvent des Capucins: 1 cloche

-Eglise des Augustines (Ste-Aldegonde): 1 petite cloche

-Couvent des Sépulcrines:2 cloches

-Couvent des Augustins: 3 cloches à l'église St-Georges et 1 cloche au couvent

-Couvent Saint-Quirin: 1 cloche

-Maison des Trinitaires:2 petites cloches

- Saint-Mengold: 4 cloches

                      Soit 24 cloches de couvents que nous avons pu répertorier, mais Louis SCHOENMAECKERS estime qu'avec celles des différentes églises, au moins 45 cloches furent saisies. 
                 Les autres furent enlevées, cachées, enterrées par les Religieux avant l'arrivée des commissaires chargés de faire l'inventaire des biens "nationaux" à saisir pour être vendus. 


LES CLOCHES ET LA GUERRE 40-45

En fin de guerre, en manque de fonte pour ses canons, l'armée allemande réquisitionna les cloches des édifices religieux , en les divisant en 4 catégories:

A= celles de 1850 à nos jours, envoyées à la fonte

B= celles de 1790 à 1850 à examiner, avec les 2 dernières catégories, au point de vue archéologique ou historique.

C= celles du XVIIIe siècle

D= les cloches antérieures à 1700.

Rien qu'en province de Liège, 559 cloches marquées VIII furent dépendues, pour un poids de 367.415 kilos. Celles de HUY, une petite quinzaine, furent déposées dans les usines de CORPHALIE. On sait que les cloches A VIII 441+442+443 de HUY et A VIII 444+445 de La Sarte furent ensuite expédiées à HAMBOURG en Allemagne par le bateau "LA JULIA", qui quitta l'île MONSIN, concession "Magemon" ( magasins généraux de Monsin) le 20 juillet 1744.

Fin mai 1945, l'armée belge obtint des alliés l'autorisation de se rendre HAMBOURG pour y récupérer sa part "rescapée" de ce butin de guerre, 774 cloches sur 4568 !. Le vapeur "Le LYS" l'embarqua et arriva à ANVERS le 8 octobre 1945. Des camions militaires furent chargés d'aller redistribuer les cloches dans leurs villes et villages respectifs.

                     Notre patrimoine campanaire, comme l'appelle Harry SCHUERMANS, l'excellent auteur de la page consultée sur https://www.maisondusouvenir.be>cloches_dans_tourmente.php 
                                                                 avait perdu un total de 3794 cloches pour un poids de 2.605.448 kg !


SOURCES

-Louis SCHOENMAECKERS: La Fabrication des Cloches à HUY in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, vol.XX/1924

-x: Belfrois.blogg.org/huy-hoei-a116275160 in Les Beffrois, les Perrons et les Rolands- Huy( Hoei)

-x: https://www.maisondusouvenir.be>cloches_dans_tourmente.php

-Dans WikiHuy, les pages: Eglise de Saint-Mengold/Hôtel de Ville/Huy en l'An 5 de la république/Le culte à saint Domitien/ Hôtel de la Cloche.

-René DUBOIS: Guerre et cloches in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts, vol. XXI/1927


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