Jean-Joseph Merlin

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Les Merlins à Huy

Jean Joseph Merlin est né et a été baptisé à Huy (en l'église Saint-Pierre-outre-Meuse), le 6 septembre 1735. Il était le troisième enfant de Maximilien Joseph Merlin et de Marie-Anne Levasseur, couple qui eut encore trois descendants après lui.

Maximilien Joseph était né à Cambrai, le 8 janvier 1710. On ignore quand il vint s'établir à Huy.

Il apparaît dans la « bonne ville » pour la première fois, lors de son mariage, en l'église Saint-Denis, le 27 janvier 1732. Anne French pense que Maximilien Joseph provient d'une famille d'inventeurs ou de mécaniciens. Cette conviction est confortée par l'acquisition du métier des fèvres, en 1733, par l'intéressé et son premier enfant, Marie-Elisabeth. Jean Joseph sera admis au même métier, entre le 20 mai 1738 et le 19 mai 1739. Son grand-père maternel est un maître serrurier qui, à cette époque, a acquis une grand renommée à Huy.

Le couple Merlin-Levasseur s'installe d'abord dans la paroisse Saint-Denis, peut-être chez Levasseur senior, parrain (et son épouse, Elisabeth Miécret, marraine) de sa petite fille Marie-Elisabeth ("). Au plus tard en 1734, Maximilien Joseph Merlin et sa famille se seront établis dans la paroisse Saint-Pierre-outre-Meuse. En juillet 1737, Maximilien Joseph Merlin, serrurier, a pris en location une « maison, appendices et dépendances situee Entre-deux-Portes audit Huy » appartenant à Mathieu Baillet, marchand, bourgeois de Huy.

Le 5 de ce mois, Gabriel Levasseur s'oblige au paiement, endéans les 6 mois, d'une somme de 56 1/2 florins Brabant due par son gendre en raison de cette location. Le 8, Merlin signe avec Jean Antoine Delloye un bail de 3, 6, 9 ans qui doit prendre cours le 15, en vertu duquel il prend possession d'une « maison, appendices et dependances, scituee au Pont-Palais, vis-à-vis de la maison portante enseigne de la Fortune à Huy, joindante vers le chateau aux enfans Hancotte et devant à la rue », moyennant paiement, chaque année du bail, d'une somme de 48 florins Brabant. Chaque partie pourra mettre fin au bail au terme de 3 ans, en en avisant l'autre, 6 semaines avant l'échéance. Maximilien Joseph a-t-il brusquement quitté le quartier Entre-deux-Portes pour venir s'installer au coeur de Huy-Grande en juillet 1737 ? Ceci cadrerait bien avec le tempérament fantasque du personnage mais on ignore totalement ce qui aurait pu motiver ce brutal tranfert de domicile. En tous cas, dès le début 1739, la famille Merlin-Levasseur regagne la paroisse Saint-Denis où elle s'installera à proximité de la maison des Levasseur-Miécret, d'abord « au pied », puis « sur » le marché aux bêtes. Le 13 février 1739, les Frères Mineurs louent à Maximilien Joseph une « maison, boutique, jardin, appendices et appartenances extante au pied du marché des bestes » pour un terme de 3 ans, à commencer le ler mars, moyennant le paiement, chaque année, d'une somme de 24 florins Brabant.

Si Merlin veut construire « une forge dans laditte maison, il pourat, à sa sortise, la faire defaire » si les Frères Mineurs ne veulent pas le désintéresser de son prix « en faisant constes des etats des ouvriers qui l'auront fait ». Dès le 4 septembre suivant, cependant, Maximilien Joseph renonce à sa location ; il « pourra reprendre le fourneau de forge qu'il y at fait construire à son entree, sans pouvoir toucher à autre chose de laditte maison et fruits de la vigno-ble... ». Il devra évacuer les lieux endéans les 8 jours. En 1741, il habite dans une autre maison « sur le marchez aux bestes » ; le 26 juin, il reconnaît « que tous les meubles, outiles et effects meublants et non -meublants » qui se trouvent dans la maison qu'il occupe appartiennent à son beau-père. Il n'en a jamais eu que l'usage, par convention verbale ; il reconnaît être redevable envers Gabriel Levasseur, pour ce motif « et à raison de l'entreprise de Messieurs de Saint-Hubert » de 600 florins Brabant pour lesquels il lui cède « tous lesdits meubles, outils et effects pour en disposer dez à present » comme si la convention verbale n'avait jamais existé. Gabriel Levasseur avait manifestement déboursé beaucoup d'argent en faveur d'un gendre sans doute dilettante ou dépensier et instable comme semblent l'indiquer les 2 actes successifs passés avec les Frères Mineurs et il ne serait pas étonnant que l'acte notarié de 1741 ait signifié une brouille entre beau-père et gendre. Quoi qu'il en soit, la famille Merlin demeure toujours dans la paroisse Saint-Denis lorsque Marie-Anne meurt, le 8 mars 1743. Moins de 3 mois plus tard, Maximilien Joseph se remarie, en l'église Saint-Séverin ! Le 24 mai 1743, il y épouse, en secondes noces (Marie) Thérèse Dechesalle (ou Jesar) dont on ignore le lieu de naissance. Une fille, Adrienne, naîtra de leur union, le 11 novembre 1744. Le 20 octobre 1746, Maximilien Joseph perd sa deuxième épouse. Dès lors, on perd aussi complètement la trace de notre personnage à Huy qu'on ne l'y avait subitement perçue en 1732. Aucun de ses enfants ne s'implantera dans notre ville. Maximilien Joseph se remariera encore sûrement puisque, dans le testament de son fils Jean Joseph (21 mars 1803), il est notamment question d'un demi-frère, Charles, qui vivait à cette époque à Strasbourg et était, entre-autres, l'inventeur d'une balance pour objets lourds. Jusqu'ici, Jean Joseph Marlin n'est apparu que deux fois dans les documents d'archives, à sa naissance et lorsque son père l'a fait inscrire au métier des fèvres à Huy,à l'âge de moins de 4 ans (pratique courante à l'époque). Désormais, le destin de Maximilien Joseph nous échappera complètement ; par contre, grâce aux belles études publiées dans le catalogue londonien, nous pourrons suivre la carrière de Jean Joseph.

LA VIE ET L'OEUVRE DE JEAN JOSEPH MERLIN, APRÈS SON DÉPART DE HUY.

Son séjour à Paris.

Vers l'âge de 19 ans (1754), la présence de Jean Joseph est attestée de manière certaine dans la métropole française où il résidera durant 6 ans. A cette époque, il est déjà un artisan formé qui a dû apprendre l'horlogerie ou un métier étroitement associé à cette activité. Une fois à Paris, il commence à faire son chemin dans le cercle des spécialistes en mécanique. Il est impliqué dans la fabrication d'instruments de musique et aborde une des inventions qu'il imposera à Londres, le « fauteuil... pour ceux qui ont la goute au jambes » ("). Il dut impressionner l'Académie des Sciences puisque c'est sur sa recommandation que le Comte de Fuentès, généreux protecteur de mécaniciens, fraîchement nommé ambassadeur extraordinaire d'Espagne en Angleterre, l'emmène comme membre de son personnel dans la capitale britannique, en 1760.

Sa brillante carrière à Londres.

Jean Joseph Merlin arrive dans la métropole anglaise, le 24 mai 1760, à l'âge de 24 ans. Il ignore alors totalement la langue du pays, mais il l'apprendra très vite (il la parle dès 1763) ; il ne s'exprimera jamais en anglais d'une manière parfaite tout en étant capable (au moins dès 1775) de converser plaisamment dans les salons de la gentry londonienne.

En 1763 déjà, lorsque l'astronome français Lalande vient en voyage à Londres où il a des contacts amicaux avec Merlin, celui-ci est certainement engagé dans un travail prestigieux : la finition mécanique d'un grand orgue de barbarie pour la Princesse de Galles ; cette tâche d'horlogerie a probablement été décrochée grâce à l'influence du Comte de Fuentès dont il est le protégé, bien qu'il ne soit plus à son service, à cette date. Merlin travaille successivement pour les orfèvres Sutton et Cox, non pas comme un employé ordinaire, mais en tant que spécialiste en mécanique, retenu pour un travail spécifique.

Kirby écrit que, peu après son arrivée en Angleterre, Jean Joseph devint le premier ou principal mécanicien du musée Cox, à Spring-Gardens, fonction qu'il quitta en 1773 (25). Sa collaboration avec les deux orfèvres fut sûrement intermittente ; sa contribution peut, en toute certitude, être décelée dans la spécialisation de Cox dans les automates qui emplissaient son musée en 1772 (26).

Merlin combine des activités d'horloger et de facteur d'instruments de musique. Lui-même se voit, cependant, avant tout, comme un réalisateur d'instruments mathématiques.

Inventeur, il mène, d'abord parallèlement à sa collaboration avec Cox, puis complètement (sans doute à partir de 1773) une carrière indépendante. Avant cette date, Merlin semble déjà avoir travaillé à un piano-clavecin, instrument de musique composite qu'il améliorera plus tard. En 1773, il perfectionne une « rôtissoire hollandaise » (dutchoven), combinaison d'un tourne-broche mécanique avec un réflecteur, nouveauté qui augmentait la chaleur à l'intérieur de l'appareil. Il mettra ensuite au point son fauteuil pour goutteux ou chaise d'invalide, sûrement dérivé de celui de Grollier de Servière (France), qui a subsisté jusqu'à nos jours dans son principe. Sa balance « Sanctorius » ou pèse-personne est probablement totalement originale.

Probablement de même de son trébuchet (money scales for gold coin) vers 1781, qu'il tient, dans la main gauche, sur son portrait. une élégante horloge (table dock) réalisée dès 1776, tout à fait originale, permet de Merlin dans la classe des meilleurs spécialistes en cette matière. Au moins à partir de 1775 Jean Joseph évolue dans une société élégante, pour le plaisir mais aussi pour y rechercher une clientèle : il s'y introduit, notamment en accordant des pianos et en participant gaiement à des mascarades En 1783, Merlin s'établit au 11, Princes Street, Hanover Square, où il ouvrira Merlin's Mechanical Exhibition, appelé plus tard le Merlin's Mechanical muséum.

On pourra y voir une foule de curiosités dans les diverses branches de la mécanique, mélange d'objets faits pour être admirés par les curieux et d'autres destinés à probablement de même de son trébuchet (money scales for gold coin) vers 1781, qu'il tient, dans la main gauche, sur son portrait. ante horloge (table dock) réalisée dès 1776, tout à fait originale, permet er Merlin dans la classe des meilleurs spécialistes en cette matière. ins à partir de 1775 (voir plus loin, p. 23) Jean Joseph évolue dans une é élégante, pour le plaisir mais aussi pour y rechercher une clientèle : il s'y uit, notamment en accordant des pianos et en participant gaiement à des ades 1783, Merlin s'établit au 11, Princes Street, Hanover Square, où il ouvrira erlin's Mechanical Exhibition, appelé plus tard le Merlin's Mechanical m. pourra y voir une foule de curiosités dans les diverses branches de la mécani-, mélange d'objets faits pour être admirés par les curieux et d'autres destinés être vendus.

On y trouve notamment de nombreux automates (il en avait déjà mis au point pour Cox), tous dotés de mouvement qui incorporaient fréquemment un élément musical.

Kirby est plein d'admiration pour les créations de Merlin faites en cuivre jaune dont le mécanisme est conçu de telle sorte qu'elles peuvent accomplir presque tous les mouvements du corps humain.

En matière d'objets pratiques, on pouvait trouver au musée des fauteuils pour goutteux, des balances « Sanctorius », des trébuchets, des tables à thé dont le plateau, mû par un ingénieux mécanisme, tournait autour d'un axe, permettant de remplir facilement les tasses de thé, des appareils à cacheter les lettres, des horloges, une machine pour aider les aveugles à jouer au whist, un système de télégraphe de famille (prophetic bell), etc. Il y avait en outre des instruments de musique, certains jouant automatiquement et d'autres pas, qui jetaient un pont entre les objets à voir et ceux à vendre.

Le musée devint bientôt le pôle d'attraction unique des activités de Merlin. S'il réalisa probablement lui-même les pièces destinées à être exposées à l'admi-ration des visiteurs, pour le reste des objets qui étaient disponibles,il est impensable qu'il les ait exécutés lui-même : il en donnait sans doute les modèles mais les faisait réaliser par des artisans indépendants ou par des firmes. Merlin prenait plaisir à guider lui-même ses visiteurs dans son musée où l'entrée était d'ailleurs payante.