Huy en l'an 5 de la république

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Portail et mur d'enceinte, vestiges du couvent de Clair-Lieu, Frères Croisiers à Huy

Le 1er septembre 1796 ( soit le 15 fructidor an IV), une loi avait supprimé TOUS les établissements religieux dans les 9 départements réunis à la France et le surlendemain une autre loi avait prescrit d'urgence des mesures pour accélérer la vente des biens nationaux. Chaque monastère allait très vite recevoir le passage du commissaire désigné pour inventorier et pratiquer la main-mise nationale ! Et on était prié de le bien recevoir et de ne pas lui dissimuler quoi que ce soit....

                                        En septembre (vendémiaire) de l'an V de la République (1797), les 19 monastères hutois avaient donc  été avertis et étaient fin prêts quand arrivèrent
                                                             les commissaires respectifs, qui étaient, il faut le souligner, des citoyens de la Ville.  

COUVENT DES CELESTINES

Un commissaire-adjoint fera office de confiscateur: L.H.THONE, qui officia sur place du 25 au 30 vendémiaire de cet AN V, en présence de la supérieure Marie-Magdelène MATHURIN, une Suédoise de 59 ans, et de 12 religieuses, dont une Hutoise, Marie-Françoise DERY et 4 converses, parmi lesquelles la Hutoise Marie-Catherine LEUMONT.

Comme immeubles: le monastère avec un bonnier de terrain et une petite ferme de 11 bonniers sur La Sarte.

Comme rentes: un capital de 46875 florins, un intérêt de 1847 florins et les arrérages en cours pour 7574 florins.

Comme dettes passives estimées: 3281 florins.

Comme saisies: en sacristie 6 aubes, 6 nappes, 4 essuimains (sic), 3 robes noires presqu'usées, 4 surplis, 3 chasuppes (sic) complètes de couleurs de diverses couleurs. Dans l'église 8 chandeliers en cuivre un ciboire en métail( sic) et 1 calice de même nature/ dans le choeur des religieuses 2 tableaux (un Ste Cécile et l'autre la bienheureuse Victoire).

A leurs signatures, les soeurs n'omirent pas d'ajouter "Nous, soussignées, déclarons par nos signatures de n'entendre rien aliéner ni d'acquiescer directement ou indirectement notre suppression, mais bien d'attester seulement l'exactitude du présent inventaire"


COUVENT DES URSULINES

Visité du 1 au 8 brumaire par le commissaire DEWAR. 13 religieuses le reçurent à savoir 8 professes, dont la Hutoise Marie-Françoise-Dieudonnée HUBERT et 5 converses.

Comme immeubles: le couvent avec jardin d'un bonnier et deux fermes, une à Bierwart et l'autre à La Sarte.

Comme rentes: un capital de 51917 livres , non compris les arrérages de 4658 livres.

Comme dettes passives: 11648 livres.

Comme objets saisis, le commissaire dut se contenter de 2 chandeliers en bois dans l'oratoire/ 4 ornements simples, 3 aubes, 2 nappes, 2 petits chandeliers, 2 plus grands en cuivre, 1 assiette et 2 burettes en étain dans la sacristie/7 tableaux, 6 chandeliers en bois, 6 pots à fleurs, 1 calice et 1 ciboire en étain dans l'église.

Les signatures des religieuses furent suivies de protestations, comme celle de la supérieure qui déclare formellement ne point accéder avec toute sa Communauté, ni directement, ni indirectement, cette suppression et que nous désirons de vivre et de mourir dans l'état où Dieu nous a appellés (sic).


COUVENT DES FRERES MINEURS

Du 1 au 10 brumaire, le commissaire-adjoint L.H.THONE fut reçu par 6 religieux et 2 convers, en l'absence, pour cause d'émigration, du supérieur allemand KONIGS, parti avec l'argenterie et les registres et aussi d'1 religieux "en vacance".

Comme immeubles: la maison conventuelle avec jardin de10 verges grandes.

Comme rentes et créances actives: évaluation de 412 muids (d'épeautre?) et 1247 florins brabant.

Comme dettes: évaluation de 7579 florins.

Comme mobilier à saisir: en sacristie, 2 calices d'étain, 32 chasuppes (sic) avec accessoires, 2 humérals (sic), 1 remontrance de cuivre doré, 1 ciboire de cuivre, 4 nappes, 11 aubes, 5 surplis, 6 burettes, 10 tableaux. Dans l'église, 16 chandeliers de cuivre coulé, 1 aigle ou pulpitre (sic) de cuivre coulé, 1 orgue, 4 tableaux. Dans la bibliothèque, 1591 volumes.

Les religieux signèrent mais en déclarant ne vouloir consentir ni directement ni indirectement à la suppression de leur corporation. Ils ajoutèrent de plus vouloir vivre et mourir dans l'état qu'ils avoient professé!


MONASTERE DES CHANOINES REGULIERS DE STE-CROIX OU DES CROISIERS

Pour inventorier ce riche couvent, il faudra 29 jours de travail au commissaire HARZE, du 2 brumaire au 1er frimaire avec 7 religieux, dont Louis-Antoine HANSOTTE de Huy et 1 seul convert. A noter que le Général Jacques Dubois était à l'étranger, émigré ([1], et que 3 autres religieux étaient déclarés "en vacances".

Comme immeubles: 83 textes au Domaine "en révélaient" une partie, dont 56 biens-fonds n'avaient pas leur contenance indiquée. On releva la quartier-maître du général (sic) avec 2 jardins pour 1 bonnier, une maison conventuelle avec basse-cour pour les religieux, 3 jardins légumiers, 3 houblonnières,7 petits jardins avec 7 maisonnettes, 2 prairies avec 1 maison et plusieurs vignes. Au total une contenance de 14 bonniers. Mais la Corporation des Croisiers était aussi propriétaire d'une maison avec jardin, prairies et terres à Huy-chaussée de La Sarte, de 6 fermes à Lamalle, Envoz, Forseillles, Hérédia, Héron, Crehen pour 580 bonniers, et aussi de terres à Avennes, Boehle, Bovenistier, d'un moulin à farine et d'une maison avec prairies à Huy, une parcelle à St-Maur, un jardin à Froidbise, de parts de moulins, de bois, de petites fermes et d'autres petites pièces de terre dont la liste est longue. Au total, une superficie de 651 bonniers et des locations connues pour un revenu de 16523 livres.

Comme rentes: 284895 livres de capital, 12411 d'intérêts et 30474 livres d'arrérages. Mais n'étaient pas comprises, selon les religieux, d'autres rentes portées en 2 registres appartenant l'un au Généralat, l'autre au Couvent transportés outre le Rhin par le Supérieur DUBOIS peu avant l'arrivée de l'armée française, où ils sont encore aujourd'huy, avec tous les registres, argenterie...

Comme dettes: 48754 livres.

Comme objets: dans la sacristie 5 tableaux, 4 humérals (sic), 44 ornements complets, 17 chappes, 13 devants d'autel, 4 aubes. Dans l'église 1 remontrance, 1 siboir (sic), 44 chandeliers, 1 Christ, 18 tableaux, 1 lutrin, 12 petits devants d'autel, 10 statues, 1 orgue, 6 livres de choeur, 6 psautiers, 1 carillon complet, 9 cloches. Dans la bibliothèque, 3719 volumes, les religieux demandèrent au commissaire d'y apposer un scellé.

Le procès-verbal fut signé sans aucune remarque ni mention particulière.


COUVENT DES CAPUCINS

En seulement 3 jours, du 5 au 8 brumaire, le commissaire HARZE établit son procès-verbal de saisie avec les 11 religieux et les 3 convers.

Comme immeubles: le couvent avec jardin et verger d'1 bonnier et une maison jouxtant le tout, occupée par le "Sindique".

Comme rentes: 9276 livres, intérêts 370 livres et arrérages de 791 livres.

Comme dettes: pas plus de 738 livres sont déclarées.

Comme objets: dans la sacristie 17 ornements simples avec chasuppe (sic), manipule, étolle (sic) et voile de calice, ainsi que 8 aubes simples, 12 amicts et 4 calices d'étain. Dans l'église 1 tableau (descente de croix), 1 coupe de cuivre doré avec un soleil, servant de remontrance et 1 cloche. Dans la bibliothèque 1541 vieux ouvrages sans grand mérite.

Les religieux signèrent avec la réserve "sans vouloir concourir à notre suppression, ni directement, ni indirectement.


COUVENT DES AUGUSTINES -(STE-ALDEGONDE)

Ce fut le commissaire HARZE qui vint le visiter du 8 au 17 brumaire. Cinq religieuses l'accueillirent, dont la converse hutoise Marie-Catherine LEPOUGNE. La supérieure était Marie-Catherine-Dorothée GRETRY, une Liégeoise de 53 ans, soeur du compositeur André-Modeste GRETRY.

Comme immeubles: leur maison conventuelle avec jardin/une terre au faubourg St-Remi/une autre à Chapon-Seraing.

Comme rentes: un capital de 83041 livres produisant un intérêt annuel de 3484 livres.

Le commissaire dut écrire dans son procès-verbal qu'il n'avait pas pu avoir accès aux registres et archives, les religieuses l'assurant qu'elles avaient remis les documents, dès avant l'arrivée des troupes françaises, à un menuisier de la commune de Huy qui les a transportés on ne sait où et que ce Joseph HERKENNE ne leur avait jamais plus donné signe de vie!

Les soeurs n'omirent pas de mentionner qu'elles avaient des dettes mobilières et immobilières de 12515 livres.

Le rapport du commissaire comprenait aussi l'inventaire de tous les objets saisis:

à savoir, dans la sacristie, 6 ornements de couleurs différentes composés chacun de 4 pièces,1 écharpe, 3 aubes, 1 surplis et, un seul objet de culte: 1 vase en étain.

Dans l'église, 1 coupe en étain, 8 chandeliers en cuivre, une petite orgue (sic),un tableau représentant l'Adoration et une petit cloche. Quant à l'argenterie, même scénario, les religieuses déclarèrent qu'elle était de modique valeur et qu'elles l'avaient mise en mains du menuisier cité ci-dessus, qui avait également disparu avec le tout...

Elles acceptèrent de signer la feuille, mais en mentionnant "sans consentir à notre suppression".


COUVENT DES CARMES DECHAUSSES

LE COMMISSAIRE-ADJOINT L.H.THONE effectuera l'inventaire, du 9 au 15 brumaire, en présence de 8 religieux, dont Jean-Joseph SAIVE, de Huy et 7 convers.

Comme immeubles: le monastère avec jardin , pour 1 bonnier, 1 houblonnière et 1 vigne à Statte.

Comme rentes: un capital de 27000 florins avec revenu annuel de 1317 florins, arrérages en cours de 829 florins.

Comme dettes: un total de 3160 florins.

Comme objets du culte: dans la sacristie, 14 chasuppes (sic), 5 aubes, 3 surplis, des dalmatiques, des étoles, des voiles de calice, des manipules et aussi 1calice et 1 ciboire d'étain ainsi que 2 tableaux. Dans l'église, 6 chandeliers de cuivre coulé, 13 grands tableaux, 6 devants d'autel, 5 nappes. Dans la bibliothèque, 1200 volumes, petits et gros.

3 religieux et 4 convers refuseront de signer, les autres mentionnant: nous déclarons par nos signatures n'entendre acquiescer, directement, ni indirectement, à notre suppression, mais bien seulement d'attester l'exactitude des commissaires .


COUVENT DES SEPULCRINES

Le commissaire HARZE, qui avait aussi visité Ste-Aldegonde du 8 au 17 brumaire, se retrouva ici , bizarrement, du 13 au 19 brumaire. Il fut reçu par 9 religieuses, dont la Tihangeoise Jeanne-Joséphine FABRY, et 4 converses.

Comme immeubles: la maison du couvent avec houblonnière, 3 terrains en Hesbaye et en Meuse inférieure et 3 maisons dont 1 à Huy et 2 à Tihange avec houblonnière. Revenus de ces maisons:432 livres.

Comme rentes: un capital de 63561 livres, intérêt de 2255 livres et des arrérages de 5396 livres.

Comme dettes passives, une somme de 11433 livres.

Comme objets saisis: en sacristie, 6 ornements simples, 1 composé, 4 aubes, un surplis, 1 écharpe, 8 amicts, un calice en argent doré, une petite boîte en argent. Dans l'église: 1 tableau (Naissance du seigneur),8 chandeliers en cuivre et en étain, une petite orgue (sic), 2 cloches.

A leurs signatures, les 9 religieuses et 3 converses mentionnèrent ne pas acquiescer à leur suppression.

PRIEURE DE WANZE ou BENEFICE DE STE-MADELEINE

Du 18 au 22 brumaire, ce fut le commissaire L.H.THONE qui oeuvra avec le seul "habitant" des lieux, le prêtre Xavier THOMAS, un Namurois âgé de de 62 ans.

Comme immeubles: à Wanze, 1 maison, 1 chapelle, 1 sacristie pillées et dévastées, 1 jardin, 1 houblonnière et 1 prairie, pour un peu moins d'1 bonnier. Il y avait aussi 1 vigne à Java, 1 maison, jardin , prairie sur Bas-Oha, plusieurs pièces de terre à Oha, Moha et Wanze pour 22,5 bonniers, 2 prairies à Wanze de 5,75 bonniers ainsi que 5 bois pour 31 bonniers à Rieudotte, Oteppe et Fesseroul.

Comme rentes: location de biens loués rapportant 937 florins par an. Un capital de 24782 florins avec intérêt produit de 1007 florins, et des arrérages en cours de 806 florins.

Comme dettes: 7 muids 7 setiers d'épeautre.

Comme objets à saisir: il ne restait rien, suite aux pillages.

Le prieur-bénéficiaire refusa d'apposer sa signature au bas du procès-verbal !


COUVENT DES AUGUSTINS

Le commissaire-adjoint FRANCOTTE y effectua de nombreuses vacations, du 1 (?) au 21 frimaire, avec 5 religieux et 1 convers. (4 religieux et 2 convers absents "pour besoins de la maison".

Comme immeubles: à Huy la maison conventuelle avec école, cour, jardin, brasserie, toujours à Huy, un droit de pêche et une petite maison en mauvais état ainsi que l'emplacement de leur ancien couvent et son jardin. A Envoz, plusieurs terres.

Comme rentes et créances: en grand nombre, repris dans 63 textes. Capitaux et arrérages 106088 livres -presque tous les revenus provenant de la cure et des bénéfices de l'ancienne paroisse St-Georges, lieu de leur installation d'origine. Les Augustins avaient don la charge de desservir les fondations et une certaine quantité de muids leur avait été assignée à la condition de créer des écoles et de fonder un collège.

Comme dettes: 15984 livres.

Comme objets à saisir: en argenterie, rien ne subsistait car tout avait été servi à la contribution exigée en 1794 par les Français à leur arrivée à Huy. 3 cloches servantes (sic) à la paroisse St-Georges et 1 petite cloche particulière au Couvent. En cuivre 1 calice à la coupe d'argent, 4 grands chandeliers, 8 petits, 4 "branches" pour éclairer l'église, 1 encensoire (sic) avec navette,1 ciboire, 1 seau à l'eau bénitte (sic) et 3 sonnettes. A l'église St-Georges 5 statues, 1 maître-autel en bois et 2 autels en plâtre, 2 formes en boiserie servantes (sic) pour chanter, 1 orgue, 1 chaire de prédication, 6 confessionnaux emmuraillés et plusieurs bancs de paroissiens, 1 grand tableau et 4 plus vieux. Dans la sacristie des aurmoires (sic) fort vieux, 7 grands devants d'autel et 15 petits, 7 ornements, 12 chasubes (sic), 2 chapes, 2 humérals (sic), 6 nappes, 9 aubes, 10 amicts, 9 essuies main, 50 lavabos, 30 purificatoirs (sic), quelques menus linges,5 surplis, 5 habits pour la Vierge, 7 missels, 6 livres servants au lutrin, 2 tableaux en planche, 1 en plâtre, 1 miroire (sic). Quant à la bibliothèque, les religieux certifient qu'elle ne contient que des livres communs et non des ouvrages manuscrits, d'ailleurs le scellé y apposé dès l'entrée des Républicains est toujours bien intact.

Document signé avec la mention:"sans vouloir coopérer en aucune manière, ne concourir soit directement soit indirectement, à la suppression de notre Communauté, à l'égard de quoi nous sommes en représentation près du Gouvernement françois à Paris".


COUVENT DES CARMELITES CHAUSSEES ou DAMES BLANCHES

LE SIEUR M.J.BRON, commissaire adjoint, vaqua à l'exécution de ses devoirs du 21 frimaire au 3 nivôse. 10 religieuses et 2 converses l'assistèrent.

Comme immeubles, un beau butin pour la République: Le monastère avec jardin et prairie, contenance totale 2 bonniers, 2 vignobles à Huy, 1 ferme de 34 bonniers à Oha et 1 autre de 1 autre de 22 bonniers à Othée, 12 terres à Braives, Lens St-Servais, Othée, Fize, Seilles, Vaux, Ville-en-Hesbaye, Paiffe, une maison en Outremeuse et 1 prairie à Ahin.

Comme rentes: un bon capitale de 130196 florins, avec des arrérages en cours de 3831 florins.

Comme dettes: 15688 florins.

Comme objets saisis: 9 chasupes (sic), 10 aubes, 2 surplis, 2 écharpes, 2 essuimains (sic), 4 nappes, 7 amis (sic), 1 calice de matérial (=métal), 2 assiettes, 4 burettes, 8 chandeliers, 1 lampe, 6 pieds d'étain à bouquets, 5 tableaux, 13 missels de formats divers.

Les religieuses écrivirent au bas du procès-verbal: nous certifions de ne connoître autre objet , concernant notre église avec la sacristie, que ceux sus-repertoriés (sic), mais elles refusèrent en bloc de signer !


MONASTERE DE SAINT-QUIRIN

Le sieur FRANCOTTE fut reçu, du ? frimaire jusqu'au 21 frimaire, par 9 religieuses et 3 converses, dans un local provisoire des dépendances, étant donné que le couvent était en reconstruction, ayant été incendié le 21 janvier 1792.

Comme immeubles: la maison conventuelle, avec cour, cloître, brasserie, 1 étable, 1 verger, 2 jardins, 2 prairies, 1 houblonnière, 6 vignobles, 1 maison avec jardin, le tout à Huy, ainsi que 2 terres à Erbonne (Huy) et à Fize-Fontaine.

Comme rentes: capital, rentes en argent et en nature, arrérages, valeur globale 83537 livres.

Comme dettes: 15859 livres.

Comme objets à saisir: 3 chasubles,1 humérale (sic), 1 devant d'autel de toille (sic) cirée et 1 d'étoffe, 2 aubes, 2 amicts, 2 nappes, 1 lavabo, 2 purificatoires, 1 surplis, 1 drap de main. En cuivre: 4 chandeliers, 1 seau à l'eau bénitte (sic), 1 encensoire (sic). En métal: 1 cloche, 1 clochette. En argenterie: rien. En étain: 1 ciboire, 1 calice, 2 burettes, 1 assiette. Comme meubles: 1 autel en bois, avec 2 statues, 2 niches en bois, 1 petit autel, quelques vieux bancs. Plus "quelques tableaux de peu de conséquence, sans mérites. Bibliothèque: il ne s'en trouve pas, qu'aiant un vieux missel..."

Ajouté à la signature: certifié véritable par nous, Religieuses de St-Quirin, sans entendre consentir directement ou indirectement à la suppression décrétée.

COUVENT DES RECOLLECTINES

Le commissaire préposé fut le sieur DEWAR et il officia du 17 au 26 frimaire avec l'aide de 8 religieuses et de 4 converses.

Comme immeubles, elles lui affirmèrent ne posséder que leur monastère, environ 1 bonnier jardin compris.

Comme rentes: 9372 livres avec 198 livres d'arrérages en cours;

Comme dettes passives:2130 livres.

Comme objets de culte à saisir: dans l'église, 4 tableaux, 4 chandeliers en bois, 4 pots de fleurs artificielles, un calice en étain, un petit ciboire en argent, une petite boîte en argent et dans la sacristie, 4 ornements simples, 3 aubes, 3 amicts, 3 nappes, une assiette en porcelaine et deux burettes en étain.

Seules les religieuses signèrent, car les 4 converses déclarèrent ne pas savoir signer, soit par maladie, soit ne sachant pas écrire...:Nous signons mais nous n'entendons pas d'accéder, directement ou indirectement, à notre suppression.

COUVENT DES SOEURS GRISES

Visité par le commissaire DEWAR du 24 frimaire au 4 nivose, 10 journées, du matin au soir. Furent présentes 8 religieuses et 2 converses.

Comme immeubles: seulement le monastère avec son petit jardin.

Comme rentes: 56657 livres de capital et 5744 livres d'arrérages.

Comme dettes: 2123 livres.

Comme objets saisis: dans la sacristie 9 chasubles, 4 aubes avec leurs amicts, 3 nappes, 1 tableau, 6 pots à fleurs artificielles, une assiette, 2 burettes d'étain, 1 calice, 1 ciboire d'étain. Dans l'église 11 tableaux, 10 chandeliers de cuivre et d'étain, 4 reliquaires en bois.

Ajoutée aux signatures, la phrase "Nous, soussignées, déclarons de ne vouloir rien aliéner ni consentir à notre suppression, ni directement ni indirectement, mais de vivre et mourir dans l'état que nous avons embrassé".

LE MONASTERE DES TRINITAIRES, SUR LA SARTE, COMMUNE DE BARSE

Il ne fallut que 2 jours, du 25 au 26 frimaire, au commissaire FRANCOTTE pour dresser l'actif et le passif de cette maison occupée par 1 supérieur et 3 prêtres.

Comme immeubles: sur La Sarte, le couvent avec quartier, cloître, église et jardin pour à peine 1/4 de bonnier, 1 petit enclos à peine plus grand, 4 prairies pour 2 bonniers, 1 ferme avec brasserie et terres (28 bonniers), et 1 bois de 8 bonniers. Sur Huy et Barse: 1 petite ferme de 14 bonniers. A Loyse (Seilles), 1 ferme de 32 bonniers, 1 bois de 35 bonniers et des broussailles pour 10 bonniers. Sur la Sarte encore 1 maison avec très peu de terre.

Comme rentes: 18561 livres, avec des arrérages de 516 livres, mais plusieurs rentes étaient affectées à des fondations religieuses; De plus, autre remarque importante, certains titres stipulaient qu'à défaut d' accomplissement de la condition, ou en cas de suppression du monastère, les biens devaient retourner aux familles des fondateurs.

Comme dettes: 22392 fr (sic).

Comme objets saisis: en argenterie 1 ciboire, 1 calice à vase d'argent et pied de cuivre. En cuivre 1 encensoire (sic), 8 chandeliers dont 2 plus petits, 1 sceau (sic) à l'eau bénitte (sic) et le dessus d'1 croix. En étain 2 assiettes et 4 burettes. En métail (sic) 2 petites cloches servantes (sic) aux offices. Tableaux; 6, de peu de considération. Statues 3 de la Vierge, de St-Nicolas et de St-Roch. Quelques menutes (menus linges?) servantes (sic) à l'ornement des autels. En ornements 4 chasubles, 3 aubes, 2 nappes grandes, 3 petites, quelques menus linges d'autel 1 chappe, 2 devants d'autel. A la bibliothèque des vieux livres dont 26 in-folio contenant des objets de Théologie et de Religion, les autres, des objets confus et délaissés par des anciens membres de la Maison, où il n'y a aucun qui paroît mériter la considération ni le moindre prix. Pas de manuscrits. Comme autels: 1 grand et 2 petits en bois et plâtres colorés. Quelques bancs appartenant à des habitants voisins.

Les religieux signèrent, sauf un qui était infirme, et déclarèrent ne vouloir nullement consentir à la suppression de leur communauté.


COUVENT DES RECOLLETS

Du 25 au 28 frimaire, le commissaire-adjoint J.M.J.BRON constate que le personnel se compose de 9 religieux et 6 convers, parmi lesquels le jeune Hutois de 26 ans Hubert-Joseph LECRENNIER.

Comme immeubles: rien que la maison conventuelle, ses dépendances et son jardin, pour un total d'1 bonnier.

Comme rentes: 12 florins pour un capital de 240 florins dont 2 arrérages restaient à recouvrer.

Comme dettes: 2 rentes à servir une de 7,10 florins et 1 de ...10 sous.

Comme objets saisis: 1 calis (sic) en matérial (métal) et 1 ciboire d'étain, 6 aubes et 7 surplis, 7 chasuppes (sic), plusieurs petits linges de fort peut (sic) de valeur, 2 humérals (sic). Dans l'église, 8 chandeliers, 3 nappes et devants d'autel, 1 lampe du coeur (sic) en cuivre, 4 burettes d'étain et 6 tableaux. Dans une chambre, une bibliothèque avec des livres de peu de valeur.

Une mention des religieux à côté de leurs signatures: voir cependant n'entendre influer, ni directement, ni indirectement, à notre suppression.

COUVENT DES MERES CARMELITES

Par le commissaire DEWAR, du 1 au 8 nivôse, 10 religieuses (dont les Hutoises Marie-Thérèse GOFFIN et Marie DAUTREBANDE, et 4 converses parmi lesquelles Anne-Barbe COUNART de Huy).

Comme biens immeubles, seulement la maison conventuelle avec jardin et vignoble.

Comme rentes 23290 livres et des arrérages de 724 livres à recouvrer.

Comme dettes: 2151 florins.

Comme objets du culte: dans l'église, 4 pots à fleurs artificielles, 4 chandeliers de bois et 2 en cuivre. Dans le choeur, 6 tableaux, 4 chandeliers en bois. Dans la sacristie: 2 chandeliers en bois, 5 chasubles, 1 calice, des ciboires et burettes d(étain, 6 amicts, 5 aubes, 2 nappes, 2 essuyemains (sic).

Les religieuses ont carrément refusé de signer!

COUVENT DES BENEDICTINES (ST-VICTOR)

Ce fut le commissaire J.M.J.BRON qui vint y officier du ? au 11 nivôse, accueilli par 15 religieuses et 3 converses. Elles n'avaient plus voulu loger dans leur monastère, occupé dès le 14 août 1794 comme hôpital militaire, et s'étaient toutes réfugiées au refuge du Val-Saint-Lambert (actuelle maison Batta).

Comme immeubles: à Huy, le couvent, avec 1 bonnier de jardin/prairie, des terres et prairies pour 4 bonniers, 1 maison et ses terres, 4 vignobles. A Montegnée, une grosse ferme de 67 bonniers avec bois. A Java, 1 vignoble et 1 ferme de 15 bonniers. A Hannut, 1 maison et 8 bonniers. A Cras-Avernas, 1 maison, jardin d'1 bonnier. Et des terres pour plus de 45 bonniers à Lens-St-Rémy, Bertrée, Avernas-le-Baudouin, Limont, Vaux, Haneffe, Fize et Warnant.

Comme rentes actives: 83573 florins avec intérêt annuel de 3286 florins. A recouvrer, des arrérages de 5121 frcs (sic).

Comme dettes: montant non déterminé !

Comme rentes passives: des intérêts en argent provenant d'emprunts faits pendant la tourmente révolutionnaire, à payer à Hannut (aux pauvres et au curé), aux curés de Crehen, de Thisnes, de St-Pierre, Huy, Flostoy, Havelange, etc., etc., à divers chapitres (Andenne, Cathédrale Liège), à la cellerie (sic) du prince (évêque), aux Dames Blanches.

Comme objets saisis dans la chapelle: 1 ornement complet de 7 pièces, 11 chasupes (sic) de damas, toile, chacune avec ses 4 accessoires, 1 drap mortuaire, 1 numéral (sic), 3 devants d'autel, 6 nappes, 8 aubes, 10 amites (sic), 2 surplis, 24 purificatoires, 6 corporaux, 8 chandeliers en cuivre, 1 lampe, 1 encensoir, 1 seele (seau?) à l'eau bénite, 1 sonnette et aussi 1 calice, 1 ciboire, 2 assiettes et 4 burettes, en étain.

Les religieuses certifièrent de ne connoitre autre objet concernant notre chapelle que ceux susrepertorisés (sic) et refusèrent de signer !

MONASTERE DES CHANOINES REGULIERS DE NEUFMOUSTIER

Dans l'église et la sacristie, dégradées, transformées en magasin à fourrages pour les chevaux de l'armée républicaine, le commissaire-adjoint J.M.J.BRON oeuvra du 10 au 25 nivôse avec la "collaboration" de seulement 2 personnes: le chanoine Dechaveau et un certain fondé de pouvoir nommé Francotte-([2])-, représentant 2 autres chanoines qui avaient refusé d'assister en personne à l'inventaire de ce vaste et riche domaine.

Comme immeubles: à Huy, l'abbaye, avec son église, son cloître, 2 cours, 1 brasserie, les écuries et remises. Mais aussi l'enclos entouré de murailles et formé de jardins, prairies et bosquet pour 2 bonniers, 1 vieille grange, l' île de Meuse, 1 petit jardin, 3 terres pour 2,5 bonniers, l'île de Corphalie et 1 petite maison rue Rioul -([3])- Egalement, hors de Huy, plus de 60 bonniers de terres à Petit-Bois-lez-Bois, Meefe, Burdinne, Grand-Axhe, Lens, et des bois à Vierset, Neuville, Villers-le-Bouillet, Petit-Bois -lez-Bois, ainsi qu'une vigne à Statte et des parts de houillères à Villers-le-Bouillet.

Comme rentes actives: en grand nombre, formant 81 textes, pour un capital de 29511 florins, des rentes en argent pour 875 florins et des arrérages en cours pour 4861 florins.

Comme dettes: impossible de les calculer, l'abbaye continuait d'en accumuler chaque jour depuis que le quartier-général de l'armée française s'y était établi.

Comme objets, ceux de l'église et de la sacristie avaient été jeté pêle-mêle dans une chambre: 18 chasuppes (sic), quelques manipulles (sic), 16 chandeliers, 6 grands et 6 petits, 1 crucifix, 1 seau à l'eau bénitte (sic), divers miselle (sic), 7 tableau de coeur (sic), 2 pulpitres (sic) de fer, 1 baldaquin en bois, 1 bâton de croix garnis (sic) en cuivre, les canons pour dire la messe, 1 autel et quelques autres petits effets de nul (sic) valeur. Dans une autre chambre, 1 canon pour un autel, 2 saints en plâtre, 1 très mauvais devant l'autel et 2 anges de peut (sic) de valeur. Il y avait aussi un orgue dans l'église, fort endommagé.

Signé Francotte, Dechaveau et commissaire Bron.


En résumé, on voit que les 19 communautés religieuses, abandonnées à leur triste sort et sans soutien extérieur, ont réagi calmement et sagement aux injonctions du gouvernement.
Elles ont laissé les commissaires se débrouiller  en se fiant à leur propre flair, en faisant des calculs "à la grosse louche" et des inventaires parfois superficiels pouvant 
conduire à l'établissement d'un procès-verbal paraissant fiable, détaillé, daté et signé...


ADDENDUM

Situation des édifices: sur le plan ci-joint (cliquer pour l'agrandir), daté de décembre 1692, on peut voir, soulignés en rouge dans la colonne des légendes "édifices" à droite, 12 d'entre eux; il y manque d'abord Saint-Quirin et les Carmélites à placer en rue Entre-Deux-Portes et les Trinitaires au plateau de la Sarte. Il y a aussi les Ursulines, rue des Augustins et les Sépulcrines, rue des Bons-enfants et , d'après Isa de Huy, les Récollectines dans la paroisse St-Mort. Quant au dernier, le prieuré de Wanze, il est localisé Place Faniel, 8 à Wanze.

Plan de Huy de Cladech 2 décembre 1692 extrait page 74 de 'La Guerre de siège sous Louis XIV en Europe et à Huy" par J.P.Rorive/ Racine 1998

Sur le plan de Huy d'Arnold Dumoulin aimablement communiqué par Jean-Claude Rocour, nous avons pu souligner en orange 17 établissements religieux de l'époque, il n'y manque que les Récollectines près de St-Mort (et le Prieuré de Wanze, hors ville).

                                                                      Cliquer plusieurs fois sur l'image pour l'agrandir au maximum.
                                                       
Copie du plan de Huy établi en 1766 par Arnold Dumoulin, arpenteur juré. Soulignés en orange, 17 établissements religieux hutois


REFERENCES

  1. voir le récit biographique "Le retour de l'Emigré, par Freddy Van Daele/2013"
  2. qui pourrait être un frère Croisier de Huy, ami fidèle du général de l'ordre Jacques Dubois voir le récit biographique "Le Retour de l'Emigré, par Freddy Van Daele/2013"
  3. s'agirait-il de l'ancienne propriété de la mère de Pierre l'Ermite?

SOURCE PRINCIPALE

Jules Fréson: Les Monastères de Huy et de la banlieue lors de leur suppression in Annales du Cercle Hutois des Sciences et des Beaux-Arts-tome IX/1891


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