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Lors de la campagne d'Espagne un jour dans un village, on trouve les corps mutilés et égorgés de soldats du régiment de Henri. Aussitôt l'ordre est donné de cerner le village et de passer au fil de l'épée tout ce qui se trouve de vivant, hommes, femmes, enfants ainsi que les animaux. La fouille de toutes les maisons commence et effectivement tout ce qui est vivant est égorgé, la tuerie a duré plusieurs heures. Aucune pitié pour aucun être. Notre Henri se trouve au seuil d'une maison qu'il va investir comme beaucoup d'autres avant. Il entre dans la demeure et trouve un enfant couché dans son berceau d'osier, il lève son sabre pour lui trancher la tête. Le soleil jouant sur la vitre fait miroiter l'éclat du métal et fait sourire le bébé. Henri n'a pas perdu toute humanité, devant ce sourire, son cœur de père fond et il ne peut se résoudre à supprimer ce petit être. De peur toutefois que d'autres soldats ne le trouve, il retourne le berceau d'osier avec bien entendu le bébé en dessous. Nul ne peut dire, bien sûr, ce qu'il est advenu de cet enfant.  
 
Lors de la campagne d'Espagne un jour dans un village, on trouve les corps mutilés et égorgés de soldats du régiment de Henri. Aussitôt l'ordre est donné de cerner le village et de passer au fil de l'épée tout ce qui se trouve de vivant, hommes, femmes, enfants ainsi que les animaux. La fouille de toutes les maisons commence et effectivement tout ce qui est vivant est égorgé, la tuerie a duré plusieurs heures. Aucune pitié pour aucun être. Notre Henri se trouve au seuil d'une maison qu'il va investir comme beaucoup d'autres avant. Il entre dans la demeure et trouve un enfant couché dans son berceau d'osier, il lève son sabre pour lui trancher la tête. Le soleil jouant sur la vitre fait miroiter l'éclat du métal et fait sourire le bébé. Henri n'a pas perdu toute humanité, devant ce sourire, son cœur de père fond et il ne peut se résoudre à supprimer ce petit être. De peur toutefois que d'autres soldats ne le trouve, il retourne le berceau d'osier avec bien entendu le bébé en dessous. Nul ne peut dire, bien sûr, ce qu'il est advenu de cet enfant.  
  
A cet endroit du récit, ma grand-mère véritable conteuse publique, la gorge nouée, essuyant d'un revers de la main les larmes qui coulaient de ses yeux, fît l'épilogue de ce récit : « De toute façon, le pauvre petit, il sera mort suffoqué ! ».  
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A cet endroit du récit, ma grand-mère véritable conteuse publique, la gorge nouée, essuyant d'un revers de la main les larmes qui coulaient de ses yeux, fît l'épilogue de ce récit : « ''De toute façon, le pauvre petit, il sera mort suffoqué !'' ».  
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Récits plus terribles ou plaisants les uns que les autres firent dire au curé de l'époque, l'abbé Jean-Pierre Henneken :
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« ''Blétard, quand tu vivrais encore la vie d'un corbeau'' », il parlait du grand corbeau disparu maintenant de nos contrées et qui, prétendait-on, pouvait vivre cent ans, « ''et que tu ferais pénitence tous les jours qui te reste à vivre, tu n'aurais pas encore ton pardon'' ». 
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Il y a quelques années, j'entrepris des recherches sur notre environnement villageois. Après de multiples fouilles dans les archives communales d'Ouffet, les registres paroissiaux de l'église Saint-Médard, les archives de l'état à Huy, au Mémorial de l'Ourthe à Comblain au Pont, je vous livre ici le résultat de mes recherches :
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* Ce 18 du mois de novembre 1783, a été baptisé Henri Joseph Blétard fils légitime de André Antoine Blétard et de Anne Joseph Willem. Ces derniers ............... ?
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* Le deuxième jour du mois de pluviose an XI de la République Française, un samedi, date qui correspond au 22 janvier 1803 de notre calendrier, acte de mariage de Henri Joseph Blétard
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Version du 9 août 2020 à 11:36

Ecoute dans le vent...

Préface

En 1795, la France annexe les Pays-Bas Autrichiens et la Principauté de Liège. Napoléon Bonaparte né en 1769, promu général à 23 ans, manifeste très vite sa soif de conquête et donc le besoin d'un effectif important pour pourvoir l'armée.

Ceci n'est pas un conte ou une légende...

Ce sont les authentiques mémoires d'un soldat Ouffetois qui, rattrapé par la conscription, est entraîné bien malgré lui dans de pénibles et dangereuses aventures.

Jeune marié, Henri Joseph BLETARD quitte son épouse et sa fille âgée de quelques mois pour parcourir une partie de l'Europe, il ne reverra les siens que sept longues et pénibles années plus tard.

Sur l'absence de son père, la petite ne sait qu'une chose apprise très jeune, sa maman ouvrait parfois le vieux coffre pour lui montrer un portrait de son père, c'est ainsi qu'est née l'histoire de :



__________________________________________________________________ P a p a __ __ d u __ __ c o f f r e ____________________________________________________________________________


Ferdinand Braquet nous raconte le parcours militaire de son arrière grand-oncle...

Les faits datent de la fin de la République Française, ils m'ont été rapportés par ma grand-mère maternelle, Marie-Antoinette BLETARD, née en ????, une des femmes les plus âgées d'Ouffet.

Le héros de cette histoire fut Henri Joseph BLETARD, grand oncle ...

...

...preuves à l'appui, cette époque devint donc une réalité

En ce temps là, voici donc notre jeune conscrit obligé de rejoindre son dépôt dans la ville de Huy.

Là, pour sa première campagne, en uniforme, notre héros se fait tirer le portrait par un artiste de rue, portrait qu'il confie à une connaissance rencontrée en ville et qui, rentrant à Ouffet, se charge de remettre le délicat message à l'épouse et l'enfant restés seuls.

De campagnes en campagnes, de pays en pays : Austerlitz 1805 ; Iéna 1806 ; Friedland 1807 ; campagnes d'Espagne 1808-1816 ; Eckmühl 1809 ; - Wagram 1809, les mois puis les années s'écoulent sans espoir de retour pour notre ami Henri Joseph.

Son épouse au village est sans nouvelle de lui, sa fille grandit sans son père. Pourtant le portrait était là, bien enfoui dans le coffre des habits du dimanche. De temps en temps, les années d'absence s'écoulant, la mère sortait le portrait du coffre, lentement, comme on exhume un trésor : Regarde bien disait-elle à sa fille, voilà ton papa.

Et dans l'année 1811 ................... Napoléon est sans pitié pour les militaires ............

A cette époque, vu les années de service, Henri Joseph est devenu ordonnance d'un officier supérieur et n'entend-il pas qu'on parle de nouvelles campagnes, de nouvelles conquêtes sans espoir de retour au foyer : cet immense pays si lointain , si sauvage que l'on nomme Russie et dont Henri Joseph n'a jamais entendu parler.

Un jour son officier le voyant triste, les yeux rougis, lui demande plein de compréhension la cause de son chagrin et Henri d'expliquer la raison de sa tristesse :

Voilà plus de sept ans que je suis parti de chez moi en laissant ma femme et une petite fille au berceau et l'on parle d'une nouvelle campagne dans un pays inconnu. De ma femme et ma fille, je n'ai nulle nouvelle, sont-elles seulement encore en vie ?

Je comprends dit l'officier mais nous sommes en guerre. Je te conseille surtout de ne faire aucune bêtise car tu sais que les déserteurs sont fusillés sur le champ.

L'officier réfléchit quelques instants et lui propose une solution :

Nous allons dit-t-il remonter vers ton pays pour rassembler l'armée pour cette nouvelle campagne. Porte-toi malade quand nous y arriverons. Lorsque tu seras jugé guéri et que tu recevras l'ordre de rejoindre l'armée, arrange-toi pour faire un détour et enfin faire une visite chez les tiens.

Henri Joseph fut effectivement porté malade sans que je puisse toutefois préciser l'endroit où il se trouvait, la grand-mère ne le précisait pas.

Un beau jour, deux compagnons d'Ouffet, l'un étant sellier l'autre cordonnier, se rendaient à Huy s'approvisionner en cuir pour leur métier. Marchant de concert, arrivés à l'endroit au lieu-dit "Fond de Rouva", ils voient venir une apparition plutôt étrange en ce lieu : c'est un soldat qu'ils reconnaissent bien sûr à son uniforme. Il porte la tenue des soldats de Napoléon, une barbe qui lui mange tout le visage et lui tombe jusqu'au ventre.

En se croisant : Je te souhaite le bonjour comme le voulait la coutume en ce temps. Une fois dépassé et après quelques enjambées, le premier s'étonne et dit :

Ne trouves-tu pas qu'il ressemble au grand Henri BLETARD ?

Il ne lui ressemble pas mal dit le deuxième, mais avec sa barbe ce n'est pas certain tu sais.

Nous allons bien voir dit le premier des compagnons, il interpelle donc le soldat qui s'arrête immédiatement :

Ne seriez-vous pas Henri BLETARD vous ?

En effet répond celui-ci : Je suis Henri Joseph BLETARD.

Alors les questions se bousculent : Depuis combien d'années êtes-vous parti ? D'où revenez-vous ? Qu'avez-vous vu pendant toutes ces années ?

Et notre Henri BLETARD, tout ému, de poser des questions sur sa famille : Ma femme, Anne ma fille... se portent elles bien ? Quelles sont les nouvelles à Ouffet ? Mille questions passent par la tête de notre Henri.

Ne t'inquiète pas répondent ses compagnons Tout va bien pour elles et ta fille est déjà une grande fille

L'évènement étant de taille et Henri étant le premier soldat à rentrer en bonne santé au village après autant d'années, les deux artisans décident de faire demi-tour et rentrent au village avec Henri pour fêter cet évènement.

Les voici donc tous trois de retour vers Ouffet. En ce temps là, le village commençait Au Tilleul, début de la Rue Mognée actuellement.

La nouvelle du retour se répand comme une trainée de poudre : le grand Henri BLETARD est revenu ! Plusieurs personnes du Hestrumont courent avertir son épouse, ils voulaient éviter à la pauvre femme de se retrouver seule en face de son époux et lui éviter ainsi de trop fortes émotions. Anne, sa petite fille ne se trouvait pas à la maison, sa mère l'avait envoyé faire quelques commissions et elle devait ensuite garder les vaches à la ferme. Une voisine part à sa recherche et pose partout la même question :

Vous n'avez pas vu la petite Anne de chez BLETARD ? Son papa est revenu !

Une dame bien renseignée l'avait aperçue avec les vaches au chemin du Tô, la voisine se dirige donc de ce côté et en effet, la trouve occupée avec d'autres gosses de son âge à regarder paître les bovinss. La brave femme tout excitée par la bonne nouvelle qu'elle apporte interpelle donc la gamine :

Ma petite fille, retournez vite à la maison, retournez vite à la maison !

Est-il arrivé quelque chose à ma maman ? demande la petite fille.

Non, non, retournez vite, votre papa est revenu.

Mon papa ?

Oui, retournez vite, tout le monde vous attend, votre papa est revenu.

Mon papa ? Mais quel papa donc moi ? Je n'ai qu'un papa et il est dans le coffre !

Henri Joseph Blétard a rejoint son régiment pour la campagne de Russie. A en croire le récit de ma grand-mère et les faits si précis qu'il comptait, nul doute qu'il y soit retourné.

Elle me racontait à moi et mes compagnons, enfants de six à sept ans des exploits terrifiants qui frappaient grandement notre imagination. Comment ne pas croire Henri Joseph en entendant ma grand-mère raconter le froid horrible qui gelait les cavaliers. Pour se protéger du froid quand les chevaux étaient morts d'épuisement, ils éventraient leurs montures, les vidaient et se glissaient à l'intérieur de leur corps pour y passer la nuit et pourtant tant d'entre eux périrent gelés.

Entrant dans un village abandonné et qui, pour passer la nuit, creusait un trou profond dans le fumier, se serraient les uns contre les autres dans la puanteur mais dans une relative chaleur. Pourtant, le matin, certains ne se réveillaient pas, ils étaient complètement raidis par le froid.

Henri Joseph BLETARD après tant d'années passées loin des siens, après tant de misères et d'horreur, mais sain et sauf, est rendu à la vie civile et rentre enfin définitivement chez lui.

Pendant de longues années, dans les soirées d'hiver devant la cheminée au feu ouvert, les amis et les voisins venaient se régaler du récit des aventures de notre Henri.

Pour étayer ses récits et se mettre en tête les incroyables difficultés et souffrances que pouvait endurer un soldat en campagne, voici quelques faits et anecdotes glanés de bouche à oreilles ou lus dans les archives. Il faut comprendre aussi que les récits de Henri Joseph prenaient une telle ampleur qu'à cette époque, la seule façon de savoir était d'écouter. En effet, le plus grand nombre d'habitants d'Ouffet, à quelques rares exceptions, ne savaient ni lire ni écrire. Les plus grands déplacements, pour une minorité seulement, étaient : la neuvaine de Notre-Dame de la Sarte, la foire Sainte-Catherine à Huy et la grande foire à Liège. Tous ces déplacements se faisaient bien sûr à pieds. Quelle aubaine donc pour tous ces villageois que de se réunir chez Henri. Pour eux n'était-ce pas la seule façon de connaître certains endroits, certaines coutumes ou rites dont ils n'avaient jamais entendu parler. Pour eux, écouter était aussi parfaire un peu leur culture.

Cent ans ce sont écoulés, je suis père et grand-père et ce récit avait tellement sollicité mon imagination qu'à l'heure actuelle il est toujours bien vivant dans mon esprit. Je ma rappelle particulièrement cette histoire racontée par ma grand-mère que je vais vous conter maintenant :

Lors de la campagne d'Espagne un jour dans un village, on trouve les corps mutilés et égorgés de soldats du régiment de Henri. Aussitôt l'ordre est donné de cerner le village et de passer au fil de l'épée tout ce qui se trouve de vivant, hommes, femmes, enfants ainsi que les animaux. La fouille de toutes les maisons commence et effectivement tout ce qui est vivant est égorgé, la tuerie a duré plusieurs heures. Aucune pitié pour aucun être. Notre Henri se trouve au seuil d'une maison qu'il va investir comme beaucoup d'autres avant. Il entre dans la demeure et trouve un enfant couché dans son berceau d'osier, il lève son sabre pour lui trancher la tête. Le soleil jouant sur la vitre fait miroiter l'éclat du métal et fait sourire le bébé. Henri n'a pas perdu toute humanité, devant ce sourire, son cœur de père fond et il ne peut se résoudre à supprimer ce petit être. De peur toutefois que d'autres soldats ne le trouve, il retourne le berceau d'osier avec bien entendu le bébé en dessous. Nul ne peut dire, bien sûr, ce qu'il est advenu de cet enfant.

A cet endroit du récit, ma grand-mère véritable conteuse publique, la gorge nouée, essuyant d'un revers de la main les larmes qui coulaient de ses yeux, fît l'épilogue de ce récit : « De toute façon, le pauvre petit, il sera mort suffoqué ! ».

Récits plus terribles ou plaisants les uns que les autres firent dire au curé de l'époque, l'abbé Jean-Pierre Henneken :

« Blétard, quand tu vivrais encore la vie d'un corbeau », il parlait du grand corbeau disparu maintenant de nos contrées et qui, prétendait-on, pouvait vivre cent ans, « et que tu ferais pénitence tous les jours qui te reste à vivre, tu n'aurais pas encore ton pardon ».

Il y a quelques années, j'entrepris des recherches sur notre environnement villageois. Après de multiples fouilles dans les archives communales d'Ouffet, les registres paroissiaux de l'église Saint-Médard, les archives de l'état à Huy, au Mémorial de l'Ourthe à Comblain au Pont, je vous livre ici le résultat de mes recherches :

  • Ce 18 du mois de novembre 1783, a été baptisé Henri Joseph Blétard fils légitime de André Antoine Blétard et de Anne Joseph Willem. Ces derniers ............... ?
  • Le deuxième jour du mois de pluviose an XI de la République Française, un samedi, date qui correspond au 22 janvier 1803 de notre calendrier, acte de mariage de Henri Joseph Blétard





... A suivre




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