Auberge des Chats qui Rient

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Auberge des Chats quirients.jpg

Historique

Il y a deux siècles, toute la partie comprise entre le boulevard du Nord actuel et la limite de la ville de Huy vers Liège, ne comptait que quelques rares habitations. Les cotillages s'étendaient uniformes de la montagne à la Meuse, couverts de houblon et de vignes dont les vieux hutois ont gardé le souvenir. Ce qui constitue actuellement la chaussée de Liège n'était qu'une grande ruelle longeant les Grands Malades dont le souvenir reste attaché à Sainte-Yvette de Huy et aux lépreux.

On se figure difficilement l'état dans lequel les routes se trouvaient à ce moment. Pour aller de Liège à Huy, on suivait quelques lambeaux de chemins longeant la Meuse et, la plupart du temps, des sentiers de traverses boueux, remplis de fondrières, souvent impraticables. Entre Flône et Engis, le chemin était si dangereux qu'il en a gardé le nom de "Maillieux". C'était un véritable coupe-gorge, paradis des voleurs et des bandits.

Les états-députés se sont efforcés vainement de remédier à cette situation. Ils se heurtaient à la vive opposition des communes et des particuliers. C'est ainsi qu'en 1772, leurs agents chargés de l'estimation des terrains que devait occuper la route protégée, arrivèrent à Flône où quelques religieuses à la tête d'une troupe de paysans les accueillirent les armes à la main. C'est seulement sous l'administration française que la chaussée de Liège devint une route convenable. Vers la fin du 18ème siècle, elle faillit acquérir une grande importance car à ce moment, on envisageait une route facile entre Liège et la France, en passant par Givet. Le projet fut abandonné.

La chaussée de Liège prend naissance près de la poste de Huy-Nord là où se trouvait l'ancienne porte de "Restia". Elle prend fin à quelques mètres de la maison dénommée "Aux chats qui rient". Au-dessus de la porte de cette maison, on peut voir deux chats se faisant face. L'origine de cet immeuble, qui fut maintes fois transformé de façon souvent fort malheureuse, se perd dans la nuit de l'histoire.

L'ancienne appellation a une origine fort curieuse. On pourrait croire qu'elle a toujours existé. Il n'en est rien. Il y a environ un siècle, les chats ne s'y trouvaient pas. Mais on a retiré de la façade une pierre sculptée ornée d'armoiries difficiles à déchiffrer aujourd'hui, portant la fière devise "Plutôt mourir de franche liberté que de pays perdre la liberté". De chaque côté de cette pierre se trouvaient deux lions en plâtre. On les remplaça par les chats existant à l'heure actuelle, la pierre fut retirée et placée au Musée communal de Huy. Cette enseigne n'est pas la cause de la dénomination donnée à cette vieille maison. L'endroit où elle se trouve s'appelait dans les temps passés "Kakillerie" dont on fait "Kakirie". C'est probablement une corruption du mot "castillerie" employé au 15ème siècle et qui servait à désigner une maison fortifiée. Cette dénomination a peut-être donné l'idée à un des propriétaires de dénommer cet immeuble "chats qui rient".

Cette maison était dans le temps un véritable repaire de brigands. Bien des crimes y ont été commis. En effet, les étrangers venant à Huy après la fermeture de portes, n'avaient d'autre alternative que celle de passer la nuit à la belle étoile ou celle de loger dans cette auberge, véritable repaire de voleurs. Lorsqu'ils étaient entrés à l'auberge, ils tombaient inévitablement entre de ses mercenaires et, par belle ou laide, ils étaient obligés de laisser leur avoir. Et comme la Meuse roulait ses flots tumultueux à partir de la porte, la plupart d'entre eux y finissaient leurs jours. Lorsque la maréchaussée y faisait une descente, elle y était en force car les bandits qui occupaient la maison étaient de taille à se défendre les armes à la main et n'hésitaient pas à engager le combat.